La France
va se retirer militairement du nord du Mali d'ici au début de l'année
prochaine. Rapide comme décision, qui poserait dans cette logique un problème
d'aptitude à évacuer les bases militaires de Kidal, Tessalit et Tombouctou en
un laps de temps si court? Certaines sources affirment
que ce retrait est sur les tablettes du présidentfrançais
Macron depuis 2019, et il s'est confirmé depuis le dernier coup d'état opéré
par le colonel Assimi Goïta
au mois de mai dernier. En matière logistique, le terrain était, donc, préparé
de longue date, et il ne fait que passer à l'exécution d'un plan mûrement
réfléchi, reste seulement à se demander pourquoi le nord du Mali n'est plus sur
la carte des intérêts de la France, présente militairement dans la région
depuis huit ans, et qui semblait bien parti pour rester plus longtemps encore
sous le couvert de la lutte contre les groupes terroristes au Sahel ? Parler du
nord du Mali c'est automatiquement voir l'Algérie de l'autre côté de la
frontière. Y a-t-il, ainsi, un quelconque lien entre
la décision de la France de se retirer du nord du Mali et l'influence d'Alger
dans cette région frontalière ? Jusque-là, personne n'a fait le lien entre
cette volte-face de la France et cette influence dans la région qui ne peut
échapper à l'Algérie. Pourtant, si on revient à l'interview accordée au début
du mois de juin au magazine le Point, on peut clairement déchiffrer le message
fort qui laisse entendre que ce qui se passe dans le nord du Mali passe sous la
loupe de l'Algérie. L'Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un
sanctuaire pour les terroristes, ni permettra une partition du pays, avait
affirmé le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune,
lors de l'interview en question. Y compris par le recours à une intervention
militaire de l'Algérie au Mali ? La question a été posée au président Tebboune, qui a rappelé dans sa réponse que la Constitution
algérienne autorisait désormais ce type d'intervention, nuançant ses propos,
néanmoins, en soulignant que «la solution n'est pas là». C'est l'accord de paix
d'Alger ou le chaos. Pourquoi, alors, la France garderait-elle un déploiement
militaire un jour de plus dans cette région ? Cela semble même comme un appel
de la France au pouvoir en place à Bamako pour s'intégrer sérieusement dans les
termes de l'accord d'Alger, signé en 2015 entre les autorités maliennes et la
coordination des mouvements de l'Azawad. C'est
l'unique voie de paix et de réconciliation au Mali, qui affirmerait l'autorité
de l'Etat malien sur tout son territoire et barrerait la route aux groupes
terroristes. En tout cas, la France qui devrait abandonner le nord du Mali, ne
manquerait de concentrer ses efforts militaires dans les zones se situant à la
frontière entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, où les groupes terroristes
exercent une très forte pression à l'ouest du continent africain, devenu
presque une nouvelle zone de prédilection pour leurs activités, comme en
témoignent les derniers attentats commis dans les pays en question. Mais, cela
ne reste pas moins qu'un « assistanat » d'une portée très limitée, qui pourrait
même œuvrer à l'élargissement et au renforcement des rangs terroristes sous
l'argument de la lutte contre la présence militaire étrangère sur le sol. La
solution idoine serait d'aider les pays ciblés par les groupes à se
reconstruire et à affirmer leur autorité sur leurs propres territoires, comme
le préconise Alger.