Les
Algériens ont voté, hier, pour se doter d'une nouvelle législature qui aura
pour « mission historique » d'ancrer le pays dans l'ère de la démocratie, la
vraie de vraie espère-t-on. L'occasion de voir si les « vieux partis », legs
d'une ère honnie par les Algériens, vont encore recycler leurs « militants »
dans le nouveau paysage politique du pays ? Ni la mise à sac
«programmée» des richesses du pays, ni les terribles bouleversements que
connaissent les pays de la même sphère géopolitique, ni les malheurs
innommables causés par des régimes qui marchent sur des cadavres pour rester
sur place, ne semblent convaincre ceux qui ont « libéré » le pays à sortir de
cet enfermement psychiatrique : celui de croire mordicus que personne n'est
digne de présider au destin menacé du pays que ce « Front », devenu le « colon
» après avoir longtemps été le « colonisé ». Pour l'Algérien lambda,
qu'il s'intéresse à la politique ou pas, les choses ne risquent pas de changer
tant que ces noms « éléphantesques » continuent à rôder autour de la sphère politique,
nourrissant le sentiment tenace que la politique et son corollaire le pouvoir
restent un gigantesque marché de dupes où les gagnants d'un jour sont les
perdants de toujours. L'on sait très bien que la mise en « ordre serré »
qu'induit l'élection du nouveau Parlement, risque d'envoyer au tapis une bonne
partie de la classe politique dite « traditionnelle », ce qui ne serait pas une
mauvaise chose pour le pays. C'est que l'avenir du pays n'est pas plus dans un
homme, fût-il un thaumaturge des temps modernes, comme il est dans la capacité
d'un pays à sortir du vieux mythe du père-tutélaire, tant le monde
d'aujourd'hui a appris à cultiver son blé plutôt que de manger du pain fabriqué
par les mains calleuses des autres. De nombreux drames auraient pu être évités
si ceux qui se prennent pour les « aînés » de la République ne prenaient pas
encore et toujours les (éternels) mineurs (que nous sommes), pour des «
artichauts ». Parce que la maturité n'étant pas dans l'âge de son corps, mais
dans l'épaisseur de ses idées, le pays risque de rester coincé, encore pour
longtemps, aussi longtemps que les politiques, les anciens comme les nouveaux,
continueront à nous vendre des idées reçues, à défaut d'offrir de vraies
pensées. Sinon, il faudra penser, peut-être, à « vendre » le pays ou l'envoyer
carrément au musée... !