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La
diplomatie est l'art de macérer les mots et les verbes avant d'en faire usage.
Un infortuné ministre bien de chez nous n'a pas jugé nécessaire de se conformer
à cette règle pour loger le président de la République lui-même et la
diplomatie algérienne dans un inconfort dont ils pouvaient se passer en ce
moment. En disant haut et fort que la France est l'ennemie de l'Algérie, il n'a
pas mesuré le poids de son propos et il n'a pas tenu compte des effets négatifs
qui perturberaient les efforts soutenus par ceux officiellement investis dans
la prise en charge des concertations entre les Etats pour que l'intérêt propre
soit garanti.
En réponse à cette manifestation d'humeur non mesurée, le président français s'est montré désagréable estimant que la déclaration du responsable algérien était gratuite et décousue, jusqu'à la qualifier d'inacceptable. L'étique, la sagesse et la hauteur auraient voulu que le ministre reste dans les limites de ses prérogatives plutôt que de s'en aller s'époumoner à contre-courant des efforts que prodiguent ceux qui sont réellement investis pour gérer la diplomatie. Il est certain que le sieur grand responsable devant les Algériens et devant Dieu n'a à aucun moment été chargé de porter une quelconque appréciation de politique étrangère et encore moins d'en faire part à partir d'un discours prononcé devant une institution représentative nationale. Il a d'ailleurs très fort à faire dans son secteur délimité avec de lourds dossiers sur le dos pour aller s'investir dans un terrain qui est du seul ressort du chef de l'Etat. Pourtant, dans un passé très récent, une déclaration similaire de l'ex-consul général du Maroc à Oran qualifiant l'Algérie de pays ennemi avait été considérée par le gouvernement algérien comme une vile et basse provocation. La réaction algérienne véhémente soulignait la nécessité de se conformer aux règles déontologiques diplomatiques et l'impérieux respect entre les peuples. Le ministre aurait dû s'inspirer de cet appel à la retenue au lieu de s'aventurer dans une bravade verbale inopérante que les autorités algériennes ont toujours dénoncée chez les autres. |
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