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Une recommandation du président de la République dans le
sillage de l'exposé présenté par le ministre de l'Enseignement supérieur et de
la Recherche scientifique, lors du dernier Conseil des ministres, sur les projets
de réalisation au niveau du pôle technologique Sidi Abdellah d'une Ecole
nationale supérieure des mathématiques et une Ecole nationale supérieure de
l'intelligence industrielle, retient particulièrement l'attention. Après avoir
insisté sur la nécessité de réunir toutes les conditions pédagogiques et de
service pour
encourager les inscrits des deux écoles en question et leur accorder toutes les incitations nécessaires pour développer le niveau d'apprentissage scientifique et faciliter leur intégration professionnelle plus tard, le président Tebboune n'a pas manqué dans ce contexte d'exhorter les responsables concernés de « trouver les mécanismes juridiques pour encadrer les diplômés de ces écoles et lutter contre le phénomène de fuite des cerveaux ». Car, à quoi bon créer ces écoles et former des scientifiques de haut niveau si après avoir décroché leurs diplômes ils décrochent du pays ? C'est une question pertinente, voire désespérante, qui devrait trouver réponse claire en parallèle au lancement de ces deux écoles qui seront, à n'en pas douter, dans la ligne de mire des chasseurs de la «matière grise» dans les pays en voie de développement ou pauvres, en général dans les pays du Sud (Afrique) et en Asie. Des puissances mondiales œuvrent ouvertement, d'une manière franchement éhontée et en tout affranchissement des règles morales, à la chasse des petits et grands génies dans les pays sous-développés ou en voie de développement à travers une politique migratoire très motivante, ciblant les compétences scientifiques et les travailleurs très qualifiés, notamment dans les secteurs de la santé et l'ingénierie. Et, il s'agit peut-être de sortir des sentiers battus faits de dissertations autour des causes et conséquences de la fuite des cerveaux, qui n'ont absolument rien apporté à la cause des pays qui souffrent de la saignée du capital humain, pour tenter une nouvelle approche dans la lutte contre ce phénomène en allant vers la mise en place de mécanismes juridiques visant à contrecarrer les desseins des pays, universités de renom ou grandes sociétés, en tant que «recruteurs » des génies et « facilitateurs » des fuites des cerveaux. Est-ce légal de venir à la fin des longs cycles de formation cueillir les fruits que d'autres ont pris la peine d'investir et entretenir ? Si l'individu ou le cerveau opte pour une vie meilleure sous d'autres cieux à la fin de ses études, il ne doit pas oublier qui lui a permis d'acquérir le savoir et qu'il a un dû à payer au pays formateur, lui ou celui qui consentirait à le recruter. Une lutte efficace contre le phénomène de la fuite des cerveaux passerait-elle par l'établissement de solides contrats qui préserveraient les droits du pays formateur sur ses génies ? Les étudiants qui seront formés dans ces deux écoles, ou d'autres universités, devraient signer des contrats de travail dont les articles restent à élaborer par les spécialistes, qui logiquement irait jusqu'à demander réparation en cas de non-respect des termes de ces contrats. Bien sûr, d'autres mesures à engager en parallèle restent indispensables, dont l'adaptation des formations au marché du travail. Car, former les jeunes dans des spécialités qui ne trouvent pas de débouchés dans le marché de l'emploi local n'est qu'une forme d'incitation à l'auto-exil. |
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