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A rebours
des lois de la physique, «c'est le mouvement qui crée l'immobilisme en Algérie»
avait un jour commenté un ancien haut cadre de l'Etat, la veille d'un
remaniement ministériel.
Nombre de wilayas sont laissées sans responsables à la tête des directions de wilaya relevant de plusieurs départements ministériels. L'action de l'Etat, dans ses démembrements locaux, se trouve ainsi paralysée. Une situation si pénalisante que même les employés ne perçoivent pas leurs salaires à cause d'un directeur muté ou limogé. Cette valse des responsables, que ce soit au niveau local ou central, a pour effet mécanique de provoquer une paralysie de l'activité de plusieurs secteurs en lien direct avec la vie quotidienne du citoyen. Même les walis de la République, qui guettent le prochain mouvement, sont comme des commis chargés d'expédier les affaires les plus urgentes sans vraiment prendre en charge les préoccupations de leurs administrés, tant ils ont du mal à se projeter dans le futur proche parce que assis sur un siège éjectable. D'autres hauts cadres de l'Etat rechignent même à signer un simple document de peur de se voir traîner devant les prétoires. Inscrit dans les «gènes politiques» du pays, l'on a pendant longtemps cassé du cadre pour plaire au maître du moment. Le recours excessif aux valses-hésitations a durant longtemps valu aux autorités cette propension à vouloir favoriser les cadres dits «disciplinés» au détriment de ceux jugés moins «lisses» et, donc, mis de facto sur la voie de garage. Si le changement a quelque chose de bon, trop de changement tue le changement. Lutter contre l'usure du temps et l'influence sournoise du milieu dans lequel évolue le commis de l'Etat a certes un côté positif, mais l'Algérie a cette «faculté» unique de créer le mouvement pour générer de l'immobilisme. L'occasion peut-être de s'interroger à juste titre si le changement ou la permutation des hommes signifie pour autant la rupture avec des modes de pensée et de gestion qui ont causé tant de mal au pays et la fin des pratiques d'un passé irréversiblement révolu. |
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