
A
quelques jours seulement du mois de Ramadhan, le marché flambe d'une manière
aussi surprenante qu'inexplicable! Sur les réseaux
sociaux, des dizaines d'internautes appellent au boycott de l'achat de la
viande du poulet qui, selon eux, affiche des prix incroyables. Les yeux rivés
sur son porte-monnaie, l'Algérien sait que la situation est loin d'être
maîtrisée. Tandis que certains parlent de spéculation, d'autres croient dur
comme fer que c'est de la manipulation.
Mais
pourquoi manipulation? Parce qu'en un mot, la flambée
des prix devient une tradition « inoxydable » en pareille saison sous le regard
quasi indifférent de l'Etat. Mais qui régule les prix, pardi ? Comment les
régule-t-on ? Y a-t-il déjà contrôle?
Si la réponse est par l'affirmative, comment en est-on arrivé là, alors ?
C'est-à-dire
coincé dans ce cercle vicieux où le citoyen-consommateur tombe toujours victime
dans la nasse des spéculateurs-prédateurs ? Préciser les responsabilités est
une étape importante pour dénicher la bonne graine de l'ivraie, répondent
d'aucuns, emplis d'un grand optimisme. Or, comment cela pourrait-il être
possible dans un climat de suspicion générale où l'agriculteur accuse le
grossiste et le grossiste accuse les pouvoirs publics, quand ceux-ci jettent
l'opprobre sur le marchand et le marchand accuse à son tour le client et le
client-consommateur accuse tout le monde? Ça s'appelle
la machine de renvoi de balle à l'algérienne : tout le monde accuse tout le
monde, sans que l'on sache de quoi il l'accuse et pourquoi il l'accuse et le
contenu de son accusation. Ce qui crée une grande cacophonie que personne ne
comprend ni n'a envie de comprendre, faute de temps et d'énergie. En somme, la
vox-populi algérienne est en plein délire, alors qu'aucun remède n'est proposé
pour atténuer son angoisse. Une angoisse, du reste légitime, parce qu'elle
touche directement le pouvoir d'achat des ménages. Comment, cette question est
à poser aux autorités, un père de famille de quatre enfants, avec le salaire
minable de la fonction publique, peut-il nourrir sa marmaille, dans un tel
contexte, s'il ne s'endette pas ou s'il ne va pas dans l'informe l? La question est sérieuse, alors que le dinar ne cesse de
baisser, face à une inflation qui ne cesse de grimper. Les signaux sont au
rouge et il est grand temps de mettre le holà à ces tours de passe-passe «
mercantilistes » des spéculateurs, pour assurer une vie digne aux Algériens.