
Sur un ton badin, le président Tebboune
a annoncé aux Algériens qu'il n'a été « ni tué ni déposé par l'Armée ».
L'entrevue accordée lundi à des représentants de médias par le chef de l'Etat a
permis aux Algériens de constater par eux-mêmes que le président va bien et a
bien récupéré du mal qui l'a frappé. Usant d'un langage sans fard ni
fioritures, la sortie médiatique du président a eu le mérite de fixer les
Algériens sur la vision qu'il développe pour permettre l'émergence, tout en
douceur, de l'Algérie nouvelle, que tout le monde appelle de ses voeux. D'abord au sujet de l'institution militaire :
réfutant d'un revers de la main tout conflit avec l'armée, Tebboune
a déclaré que l'ANP, issue du peuple, « est une armée disciplinée, droite dans
ses prérogatives constitutionnelles; elle protège pas
seulement la Patrie, mais aussi la Constitution et les frontières nationales »,
rappelant le rôle de cette institution névralgique dans la sécurisation des
marches populaires. « La saisie par les services de sécurité d'armes blanches
dangereuses lors des dernières marches en sont la preuve irréfragable », selon
le chef de l'Etat. Autre sujet à une bruyante controverse, le rôle de l'Armée
algérienne en dehors des frontières nationales. « Il n'est pas question et ne
sera jamais question d'envoyer nos troupes ni au Sahel ni ailleurs, je
n'enverrai pas nos enfants se faire tuer pour autrui », a tranché net le
président. Le lourd contentieux mémoriel avec l'ancienne puissance
colonisatrice a également été abordé par Tebboune,
qui a déclaré que « l'Algérie ne fera pas des affaires avec la France au
détriment de la mémoire », mettant en cause l'existence de puissants lobbys en
France qui « cherchent à saper les bonnes relations entre les deux pays ». En
vertu de ses 54 engagements pris lors de la campagne électorale, le président
s'est défendu d'avoir accédé à la plupart des revendications du Hirak, comme l'annulation du 5ème mandat et la dissolution
de l'APN. « Il y a même cinq ministres issus du Hirak
», a tenu à rappeler le premier magistrat du pays.
Estimant qu'il s'agit là d'une «revendication légitime» du
peuple algérien, Tebboune a laissé entendre que le
pays pourrait aller vers des élections générales (législatives et locales), une
opération techniquement compliquée selon les experts, mais qui a l'avantage de
faire économiser de gros sous, surtout en cette période de vaches maigres.