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Les appels
à tout bout de champ plaidant pour la formation d'un front interne solide ne
sont que les signes révélateurs d'une certaine fragilité du tissu
sociopolitique qu'on tente de rappeler à travers des alertes qui, à force de
revenir sur toutes les bouches, sont devenus presque anodins et inaudibles.
Parfois, l'effet contraire est même très appréhendé si les avertisseurs, car la justification des appels en question sont accompagnés par le préambule du danger extérieur et intérieur qui guette le pays, ne font pas bonne audience. Par décence, on ne peut pas appeler au raffermissement des liens sociaux quand on est à la source des divisions qui peuvent être à l'origine de l'affaiblissement du front interne. Vraiment, la question est très sérieuse pour qu'elle soit galvaudée par le tout-venant. D'ex-hauts responsables, aujourd'hui condamnés dans des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics, appelaient également au renforcement du front interne. Quand on sait qu'un ex-Premier ministre et autres commis de l'Etat, impliqués dans tous les malheurs du pays, appelaient dans les années 2010/2019, eux également, à la consolidation du front interne, afin de prémunir le pays contre des «mains malveillantes» qui tenteraient de porter atteinte à l'unité du peuple algérien, on comprend pourquoi il est devenu très difficile de convaincre les individus et les groupes d'adhérer à ce mot d'ordre. Non seulement les appels du genre pénètrent d'une oreille pour en sortir de l'autre, mais il y a risque pour que cela provoque un effet contraire et pousse à la division des rangs, voire à l'étouffement du sens patriotique, qui est à la base de cette recherche de protection du front interne. Le sens patriotique a horreur des sentiments perfides. Durant de longues années, les responsables au plus haut sommet de la pyramide ont excellé dans l'art de tuer l'amour de la patrie dans le sentiment populaire, compliquant le retour à la source qui animait tant d'hommes et de femmes qui ont payé le prix du sang pour rendre au pays sa liberté et sa fierté. Le patriotisme est une autre religion, qui a besoin de la sincérité de ceux qui appellent à l'épouser. Il serait plus approprié, ainsi, de travailler en profondeur pour effacer les stigmates de l'ancien système, effacer les haines enfouies en redéfinissant la communion civile, bannir l'abus d'autorité, pour prétendre rebâtir le patriotisme sur des bases solides et non sur des slogans creux. Il serait certainement plus bénéfique pour le renforcement du front interne de donner tous ses sens à la citoyenneté, de couper court à certaines velléités charlatanes, et en montrant la voie à suivre à travers les actes et non la parole. Aujourd'hui, en vérité, le seul front interne qui peut se prévaloir de sa pleine force, c'est l'Armée nationale populaire (ANP), grand rempart contre les dangers qui menacent la sécurité du pays. Cela en dit long sur ces attaques qui ciblent l'institution militaire, qui ne cherchent in fine qu'à fragiliser ce noyau dur du front interne et manger le pays à la petite sauce. |
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