
Au nom de
qui parle l'Organisation de la coopération islamique (OCI) quand elle apporte
son soutien à l'intervention militaire des forces armées marocaines dans la
zone tampon d'El Guerguerat ? Le secrétariat général
de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a exprimé, avant-hier, son
soutien aux mesures prises par le Maroc « pour garantir la liberté de circulation
civile et commerciale dans la zone tampon d'El Guerguerat,
au Sahara occidental ». Tout en condamnant toute menace de trafic dans cette
région reliant le Maroc et la Mauritanie, et appelant à la désescalade et au
respect des décisions de légitimité internationale. L'agression militaire du
Maroc contre des civils qui manifestaient pacifiquement contre l'exploitation
illégale de ce poste frontalier, situé dans une zone sous contrôle de l'ONU et
non des Marocains, commence à donner lieu à la formation des blocs de soutien à
l'une ou l'autre partie.
C'est
compréhensible que des pays, y compris parmi ceux qui appellent les deux
antagonistes, le Maroc et le Front Polisario, au calme et à la retenue, se
rangent derrière l'un ou l'autre, selon les tendances politico-militaires
clairement exprimées ou cachées, mais quand l'OCI affiche une pareille
position, franche et sans équivoque, épousant la cause des Marocains contre le
Front Polisario, on ne peut qu'être époustouflé devant cet impair. De par la
nature de cette organisation intergouvernementale, composée de 57 Etats
membres, dont l'Algérie et d'autres pays, qui ont déploré, eux, clairement les
«graves violations» du cessez-le-feu enregistrées vendredi dans la zone d'El Guerguerat au sud-ouest du Sahara occidental, appelant à la
«cessation immédiate» de ces opérations militaires, ainsi que ses buts, parmi
lesquels figurent l'élimination de la discrimination raciale et le colonialisme
sous toutes ses formes, ce soutien n'a vraiment pas lieu d'être.
On
comprendrait pareille position qui émanerait d'Israël, des Emirats arabes unis,
d'autres pays du Golfe, mais pas celle de l'OCI à laquelle sied la neutralité
dans ce conflit entre musulmans, à défaut de défendre la légalité
internationale et l'élimination du colonialisme, comme le définit sa charte. Et
si ce soutien n'est qu'une orientation de l'Arabie Saoudite, pourquoi d'autres
pays feraient-ils, alors, partie d'une organisation dont les intérêts et les
principes sont à l'opposé de leur dogme ? A fortiori, l'OCI devait consulter
les Etats membres à travers un sommet ou un Conseil des ministres des Affaires
étrangères (CMAE), qui est le deuxième organe décisionnel après le sommet,
avant de faire part de sa position à l'égard de ce problème qui se trouve sur
la table de l'ONU depuis près d'un demi-siècle, sans avoir encore trouvé une
solution. Quelles conséquences pourrait avoir ce comportement unilatéral et
empressé de l'OCI, qui se met à la même longueur d'onde de pays qui ont déjà
normalisé, ou favorable à une normalisation, de leur relation avec Israël ?