C'est le
must de la révolution économique en Algérie. Le géant Sonatrach,
depuis toujours situé hors champs d'aptitude des entreprises locales, affiche
sa disponibilité à changer de mode d'emploi ou de stratégie en matière
d'intégration nationale. Désormais, l'accès aux entreprises algériennes à des
contrats de projets d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction (EPC)
est du domaine du possible, avec des objectifs fixés par le groupe Sonatrach en matière d'intégration des entreprises locales
dont la réalisation des projets EPC est celle d'atteindre un taux de 60% dans
le court terme et de 80 % à long terme, selon des déclarations du PDG de Sonatrach, Toufik Hekkar. Et, pas
que, puisque la propension de cette ouverture s'étend en direction des PME et
PMI, qui devraient bénéficier d'office de 10 % des marchés, selon des
instructions adressées aux filiales par M. Toufik Hekkar,
ainsi que la création d'une nouvelle direction au sein du groupe pour
accompagner et orienter les startups en cerise sur le gâteau. Est-ce à dire que
la Sonatrach se chargera du financement des startups,
du moins une partie d'entre ces entreprises sur lesquelles mise le
gouvernement, autant que les PME et PMI, dans sa stratégie de relance
économique ? Le gouvernement a vraisemblablement trouvé un solide actionnaire,
en l'occurrence la Sonatrach, qui viendrait soutenir
la création par le gouvernement du fonds d'investissement pour financer en
phase d'amorçage ou en capital-risque des startups ou entreprises innovantes,
d'un montant estimé à 120 milliards de centimes, selon des déclarations du
ministre des Finances au mois de mai dernier. Il faudrait inévitablement
compter dans ce domaine sur les investisseurs privés, mais en l'absence de
culture d'investissement dans le capital-risque d'entreprises qui n'ont que
leurs idées à vendre, l'arrivée à la rescousse de la Sonatrach
constitue un véritable gage de succès pour la startup Act,
ou cadre visant à faciliter le lancement et le développement de Startups. Reste
à savoir si les entreprises locales pourront relever le défi et investir dans
des projets de réalisation d'infrastructures, développements des champs
gaziers, d'ouvrages industriels et d'installations d'équipements industriels
(instrumentation, turbocompresseur, système de refroidissement), lequel créneau
bénéficiait exclusivement aux entreprises étrangères ? L'ambition de
l'accroissement de la valeur ajoutée locale et des richesses nationales à
travers l'implication des entreprises algériennes dans les domaines des EPC
n'est pas une sinécure en soi, et l'on souhaite que les PME et PMI, au profit
desquelles on a décidé d'octroyer 10% des marchés ne subissent pas les
mésaventures des micros-entreprises créées dans le cadre de l'Ansej, dont l'avantage du bénéfice de 20% des marchés publiques
est tombé dans les oubliettes et dans l'indifférence quasi générale. M. Hekkar a dans ce contexte mis l'accent sur l'objectif de Sonatrach, qui est de disposer de partenaires industriels
locaux performants et respectant les principes du code de conduite de la
compagnie. Du pain sur la planche devant les PME et PMI, mais il faut suer pour
le manger.