Le ministre des Affaires étrangères français a fait un déplacement mardi à Alger. Ses préoccupations sont connues et nombre d'entre elles rejoignent celles des autorités algériennes. Le nouvel intérêt accordé à l'Algérie par la diplomatie internationale a d'abord la faveur de replacer les Algériens dans un échiquier où les concertations et les échanges sont vitaux. L'état du monde n'est pas au beau fixe et il est à craindre que le pourrissement que livre le nouveau siècle avec les spasmes sociaux et la montée des extrêmes soit catastrophique. Fort heureusement des indices importants indiquent que les Algériens ont décidé de se départir des théories vides et inconséquentes faites de fanfaronnades et de chimères pour se placer au niveau des exigences de l'heure. Paris n'occulte pas les nouvelles données politiques de sa voisine et il est à croire qu'elle prend au sérieux la nouvelle équipe dirigeante algérienne. Elle ne pourrait faire autrement et tourner le dos aux sérieux remous qui affectent sérieusement le bassin méditerranéen en passant la main à des diplomaties palliatives non directement concernées.

Les relations algéro-françaises souvent perturbées par les humeurs sont dans l'obligation d'être dépoussiérées pour se mettre au diapason des attentes objectives des peuples algérien et français. Si le problème libyen est le point nodal de la visite du chef de la diplomatie française, les discussions ont aussi porté sur la situation au Sahel et ont abordé des sujets plus serrés et à l'évidence névralgiques. Les deux pays sont convaincus que réciproquement l'un a besoin de l'autre et que l'un comme l'autre ont tout intérêt à s'armer d'une nouvelle vision partagée pour un présent et un futur communs avantageux.

S'il est vrai que les cicatrices de l'histoire ne sont pas encore toutes ligaturées, face aux perturbations économiques et sociales qui s'étendent dans le monde et dont la France comme l'Algérie continuent d'être abreuvées, elles ne sont plus des références intangibles pour chahuter un élan nouveau pour une saine coopération entre les deux pays. De nombreux thèmes et sujets s'érigent certes comme des grains de sable. Mais les alarmes actuelles en tout genre réclament avec insistance d'outrepasser les anicroches nées des petits calculs des Etats pour assurer une perspective heureuse pour leurs populations. Il devient important pour la France et l'Algérie d'écrire une nouvelle page basée sur la franchise et la sincérité. Les deux pays à l'histoire commune y ont tout à gagner.