![]() ![]() ![]() ![]() S'il y a
une évidence à tirer des tensions qui agitent aujourd'hui la rue algérienne,
c'est que le mouvement populaire a échappé à la récupération du système. Cela
prouve qu'il n'est guère rentable pour le panel des dialoguistes de défendre
des positions floues dans une Algérie en voie de «radicalisation» démocratique.
Il est clair qu'à plusieurs reprises, le peuple a été trompé par le régime au
point que d'aucuns ont baissé les bras, en croyant à la mort définitive de sa
conscience. Si l'on analyse bien la situation, on trouvera que c'est la
justification du statu quo par la peur du chaos, l'instrumentalisation
outrancière de la question de l'unité nationale et la main étrangère qui l'ont
freiné dans son aspiration à la démocratie. Or, quiconque se trompe pour de
bonnes raisons, finit par comprendre qu'il ne sert à rien de cautionner le
retard pris dans les réformes, l'assainissement de la machine bureaucratique et
le changement du système de gouvernance. Ployant sous le joug d'une immense
déception, les masses sont sorties de leur silence pour revendiquer la
refondation de la maison Algérie sur de bonnes bases. Tout retour en arrière
paraît désormais comme une trahison aux yeux de ceux d'en bas. L'irruption
surprise, il y a quelques jours, d'une poignée d'étudiants dans le siège de
l'instance du dialogue illustre le degré de la désillusion collective quant aux
tergiversations des décideurs et en dit long sur l'angoisse qui atteint la rue
quant à leur bonne foi. D'ailleurs, les questions que l'on entend souvent poser
avec insistance sont les suivantes : le pouvoir a-t-il
vraiment de bonnes intentions pour entrer en contact avec le peuple et résoudre
la crise ? Voudrait-il sauver la société, ou se sauver lui-même, en donnant
l'impression qu'il s'efforce à faire bouger les choses ? Ne se sert-il pas, en
quelque sorte, du panel de dialogue, pour détourner la colère populaire ? Puis
que fera Karim Younès pour convaincre une rue en
révolte, quand on sait qu'à la légitimité de la présidence par intérim et de
l'ensemble de l'exécutif, s'ajoute leur manque de
crédibilité et de représentativité ? De toutes manières, rien ne peut casser la
volonté des nôtres, lesquels ont décidé de reprendre les choses en main et de
maintenir la pression, malgré tous les obstacles, jusqu'à l'aboutissement de
leur mouvement.
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