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Le 5ème
mandat est entrain de provoquer de profondes fractures dans le corps social,
faisant sortir dans la rue, chaque jour, une catégorie sociale d'Algériens.
Hier c'était de nouveau les étudiants qui ont manifesté leur colère et leur
rejet du 5ème mandat, alors que vendredi c'était tout le peuple algérien qui
était parti contre une fatalité qu'il refuse. Le cri de colère, de désespoir
non pas ?'de la rue'', mais ?'des Algériens'' ne semble pas être entendu. C'est
comme s'il se battait contre des moulins à vent, alors que le 5ème mandat a
achevé de provoquer une profonde cassure dans le fonctionnement de la société
algérienne.
De petites manifestations en refus catégorique d'un futur que les Algériens rejettent désormais, la contestation contre le 5ème mandat s'amplifie chaque jour et fait descendre dans la rue des milliers d'Algériens. La réalité sociologique est là, palpable, vivante et parfois violente avec ces slogans durs contre le président ou son gouvernement. Les prochains jours seront décisifs pour la tenue de cette élection présidentielle qui est en train de dériver vers des lendemains qui préfigurent une reprise en main des Algériens de leur destinée. Ce que le gouvernement n'a pas encore compris, qui tente dans un dernier sursaut d'orgueil de minimiser, c'est cette colère citoyenne contre un mode de gouvernance du pays qui a atteint non seulement ses limites, mais a fait trop de dégâts sociaux et économiques pour qu'il puisse encore avoir une quelconque crédibilité auprès de l'opinion publique. Car au final tout ce refus du 5ème mandat n'est que l'expression d'extrême exaspération du peuple devant un pouvoir qui a dramatiquement perdu toute liaison avec son peuple. Le président Bouteflika ira-t-il jusqu'au bout de ses prétentions politiques, au risque de provoquer plus qu'une profonde cassure au sein de la société algérienne ? Le moment est historique parce que les Algériens ont décidé de ne plus se taire et de se réapproprier leur citoyenneté. De participer au changement, pleinement. Maintenant, il reste aux politiques de comprendre ce besoin pressant et urgent de changement que demande le peuple qui veut être écouté, compris et non plus marginalisé, oublié. Les lignes rouges ont sauté un certain vendredi 22 février et la colère des Algériens s'est cependant exprimée avec civilité, civisme et responsabilité. Des qualités qui donnent encore plus de crédibilité à un mouvement citoyen que n'arrivent plus à suivre les politiques, partis et gouvernants. Le mouvement de protestation est quasi général, ce qui en soi est révélateur de l'extrême impatience des Algériens d'entamer avec conscience et responsabilité une autre perspective que celle à laquelle on veut leur imposer en décidant toujours à leur place. Le silence des partis de l'opposition, le départ de Sellal en disent long sur la tournure qu'est en train de prendre cette fureur à imposer le 5ème mandat qui est fatalement en train de désavouer, par un effet extraordinaire de la rue, ses initiateurs. Maintenant, il reste à espérer que ce formidable mouvement citoyen ne soit ni détourné ni dévié de sa trajectoire, encore moins récupéré par les opportunistes de la dernière heure. Et, plus que tout, qu'il ne soit réprimé ni ne doit donner lieu à un dérapage vers la violence. Le reste, tout le reste, n'est qu'un véritable appel d'air des Algériens, toutes couches sociales confondues, vers des lendemains moins oppressants. |
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