En accusant
l'OTAN d'être responsable du phénomène migratoire en Afrique vers l'Europe, la
présidente du Croissant rouge algérien (CRA), Saïda Benhabyles,
n'a rien inventé et n'a fait qu'affirmer ce que tout le monde sait et tait.
L'offensive militaire contre la Libye, commanditée par l'ancien président
français Sarkozy, sous l'impulsion intéressée de Bernard-Henri Lévy, a
considérablement miné la région du Sahel et fragilisé, sinon fait voler en
éclats les équilibres régionaux longtemps sauvegardés par Kadhafi. La chute de
Tripoli et Benghazi a favorisé, par ailleurs, l'émergence des groupes
terroristes qui ont évolué, un temps, en terrain conquis. L'absence de
structures institutionnelles fortes et légitimes, enfin reconnues par tous les
Libyens, a ouvert une piste de migration difficilement contrôlable. Ce que
demande Benhabyles, c'est que toutes les parties qui
sont derrière ce drame prennent leurs responsabilités devant l'opinion
internationale et qu'on arrête de culpabiliser l'Algérie qui, selon elle, n'est
pas partie prenante de la tragédie africaine, en référence au dossier des
migrants subsahariens. La présidente du CRA, même si on la soupçonne d'utiliser
cette langue de bois chère à nos responsables, avance des arguments tranchants
dans leur logique.
En effet,
elle rappelle, à bon escient, que l'Algérie n'est pas responsable de ces
drames, qu'elle n'a pas spolié les biens de l'Afrique et qu'elle est contre
l'ingérence en contribuant à la stabilité des pays et en soutenant leur
développement. La plaidoirie s'appuie aussi sur le fait que l'Algérie reste le
seul pays, toujours d'après elle, à effacer les dettes des pays africains tout
en œuvrant au développement des zones frontalières. Benhabyles
s'attaque à cette ingérence de certaines capitales, sous parapluie onusien,
dans les affaires internes des pays souverains allant jusqu'à les envahir comme
ce fut le cas pour l'Irak, la Syrie ou la Libye. Ce droit divin d'ingérence qui
a produit cette vague migratoire, sans précédent, sur les débris de pays
ravagés par des années de guerre télécommandée. Et l'Europe de s'étonner
aujourd'hui que des centaines de milliers de réfugiés ayant fui la guerre
cherchent à s'installer à l'intérieur de ses frontières. Cette migration n'est
que la conséquence directe de ces conflits armés qui ont enfanté des survivants
quand ce ne sont pas des combattants en déroute, une vision de la question qui
préoccupe au plus haut point l'Algérie. Mais même avec cette donnée sécuritaire
et les appréhensions somme toute légitimes du pays, des ONG nationales et
étrangères continuent de surenchérir à ce propos, accusant l'Algérie
d'instrumentaliser le danger terroriste pour expulser les migrants en situation
irrégulière.