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Les compétences
des instances en charge de prendre les décisions vitales qui assurent la survie
de la Nation sont définies dans la Constitution amendée en Mars 2016, de manière
pouvant, certes porter, à interprétations et commentaires, mais ne permettant
aucune ambiguïté quant aux institutions qui les assument.
La Constitution de 2016 renforce les compétences du premier ministre Dans ce temps de grands périls, certains veulent à tout prix entretenir, à leur avantage, la confusion quant à la force de la Constitution, qui, faut-il le rappeler, est un document juridique établi unilatéralement par les instances supérieures du pays, ce qui, loin d'affaiblir l'importance de ce texte, le rend encore plus fort, car il est l'expression de la part des autorités suprêmes du pays, d'un engagement libre et solennel envers le peuple, de gouverner selon les normes et dispositions de ce texte. Il est utile de rappeler les deux articles les plus importants de cette Constitution, car ils constituent une évolution vers un système semi-présidentiel, qui transfère une partie du pouvoir exécutif du Chef de l'Etat vers le Premier Ministre: «Article 93: Le président de la république nomme les membres du gouvernement après consultation du premier ministre. Le premier ministre coordonne l'action du gouvernement. Le gouvernement élabore son plan d'action et le présente au conseil des ministres. «Article 94: Le premier ministre soumet le plan d'action du gouvernement à l'approbation de l'Assemblée Populaire Nationale. Celle-ci ouvre à cet effet un débat général. Le premier ministre peut adapter son plan d'action à la lumière de ce débat, en concertation avec le Président de la République. Le premier ministre présente au Conseil de la Nation une communication sur le plan d'action du gouvernement tel qu'approuvé par l'Assemblée Populaire Nationale. Le Conseil de la Nation peut émettre une résolution.» Une photo ne change pas la Constitution On peut constater, sans être versé dans les arcanes du droit constitutionnel, que le texte ne parle plus du «programme présidentiel,» auquel était tenu de se conformer, dans les textes constitutionnels précédents, le premier ministre, qui, de toute évidence, doit respecter les directives présidentielles pour établir le programme de son gouvernement. Il gagne une grande marge de manœuvre dans le cadre de ces directives, qui reflètent la prééminence du Président de la République dans l'orientation générale des affaires du pays, en fonction de sa propre philosophie du pouvoir, et de ses analyses de la situation intérieure comme extérieure du pays et des défis auxquels il est confronté. Ce texte constitutionnel ne fait référence ni aux réunions fortuites dans les cimetières nationaux, à l'occasion des sombres et tristes cérémonies funèbres d'enterrements de personnalités éminentes du pays, ni aux images, enregistrées par les appareils photos ou les caméras des médias. Quelles que fussent les personnalités qui apparaissent sur ces supports visuels ou audio-visuels, dans ces occasions, ni le mode de répartition des compétences des uns et des autres , tel que défini par la Constitution, ni le programme du Gouvernement ne sont, de ces faits enregistrés anodins et banals, l'objet de modifications immédiates et irrémédiables. Malgré ces photos, quel que soit leur support, le Président continue à assurer ses lourdes responsabilités , tout comme le premier ministre qui ne voit pas ses propres responsabilités réduites ou modifiées par ces rencontres fortuites, certes pouvant faire l'objet de commentaires plus ou moins fallacieux, plus ou moins ridicules, mais néanmoins marquées du sceau de la marginalité dans le système constitutionnel, comme de la spontanéité, calculée ou pas, préparée à l'avance ou fruit du simple hasard, et sans impact quelconque sur le gouvernement des affaires du pays, partagé entre le Chef d'Etat et son premier ministre. Elles n'augmentent ni ne diminuent les attributions et les responsabilités des uns et des autres, et, évidemment, ne changent rien au programme du gouvernement, décidé qu'il est à remédier aux dangereuses distorsions économiques dont souffre le pays. Les termites ne vont pas se laisser faire! Il est évident que tout changement de cap dans le domaine central de la politique économique, -qui a erré au cours de ces dernières décennies, et a donné lieu à la création d'une classe de parasites pillards tournant autour des centres de pouvoir, -aura des conséquences négatives sur cette nouvelle classe, qui rêve de prendre les rênes du pouvoir politique en vue de sauvegarder ses milliards de dinars et de dollars mal acquis. Que toutes les opportunités qui se présentent, si anodines soient-elles, soient exploitées par cette race de termites, dont la seule patrie est l'argent, n'a rien de surprenant. La manipulation de la politique étrangère du pays au profit d'Intérêts privés L'histoire d'autres pays est là pour prouver que la classe des «compradores,» ces hommes d'affaires qui construisent leurs richesses et leur puissance sur la dépendance de leurs pays à l'égard de l'étranger, n'hésite jamais à préférer ses intérêts à ceux de son pays, et à pousser, si ce n'est, à créer les conditions justifiant l'intervention de puissances étrangères dans les affaires internes du pays. Ces compradores ont, sans doute, commencé à tisser avec des puissances étrangères les liens qu'ils jugent nécessaires pour justifier ces interventions, mêmes si elles doivent conduire à la destruction du pays. Les prémices de cette «politique étrangère» parallèle commencent à apparaitre en filigrane de «reprises d'entreprises en difficulté,» dans certains pays, avec des fonds provenant de transferts illicites de capitaux, sous le couvert d'exportations à caractère spéculatif, ou d'importations surfacturées et bien d'autres combines plus ou moins louches. Il s'agit pour ces hommes d'affaires d'intéresser financièrement ces puissances, de leur offrir un prétexte d'influence sur les décisions souveraines du pays dans le domaine économique, et , peu à peu, de légitimer ces interventions, sous le couvert de défense des intérêts économiques et financiers, ou même juridiques, de leurs citoyens. On établit, subrepticement, telles les termites, toutes les conditions «logiques,» de ces interventions, jusqu'à ce que soient réunies les prétextes ultimes de l'usage de la violence militaire, qui apparaitrait, aux yeux des opinions publiques des pays en cause, justifiée par le « refus des autorités nationales de se conformer aux lois internationales en matière de liberté de commerce et de droit des gens,» sans compter le blabla sur-usé des «droits de l'homme,» de «la démocratie,» et des ?armes de destruction massive,» etc. etc. Une puissance militaire écrasante qui pousse à l'usage unilatéral de la force armée Malheureusement, la puissance militaire est inégalement répartie parmi les nations, et celles qui disposent de l'arsenal le plus puissant, ont tendance à banaliser les agressions armées pour régler le moindre différend, en prétextant de toutes sortes de crimes commis par les autorités du pays agressé, et n'ont même plus recours aux moyens diplomatiques qu'a posteriori pour légitimer leur guerre. Ce recours à la violence armée est d'autant plus facile à engager que les guerres auxquelles on assiste actuellement ont un caractère strictement unilatéral, les puissances qui y sont partie ayant la certitude que toutes les opérations militaires qu'elles mènent se dérouleront exclusivement sur le territoire des pays victimes de l'agression. Là aussi, la lecture de la presse quotidienne, comme la revue des informations et analyses diffusées dans les médias et les blogs de l'internet, donne moult exemples actuels de cette situation de guerre unilatérale, dans laquelle les considérations «humanitaires» cachent une insensibilité totale à la souffrance des peuples visés. On est disposé à pleurer sur le sort de ces «victimes collatérales,» qui, en fait, constituent la majeure partie des victimes, du fait même du déséquilibre absolu entre les forces en conflit. Une dépendance périlleuse à l'égard de l'étranger La continuation de la politique économique actuelle a exacerbé au delà du supportable , la dépendance de l'Algérie à l'égard de l'étranger, -au détriment même de son potentiel de production industrielle et agricole, écrasé par la concurrence internationale, -encouragée, si ce n'est renforcée, par les multiples accords de «libre échanges,» quel que soit leur titre et le groupe de pays partenaires. Que le respect des engagements internationaux fasse partie des règles de bonne gouvernance distinguant un «état souverain internationalement responsable,» d'un «état voyou,» il n'en demeure pas moins que ces accords ne doivent pas être déséquilibrés au point de constituer des arrêts de mort pour le potentiel de production du pays, et donc le bien-être de sa population. L'obligation de suicide ne fait pas partie des règles des relations Internationales! On ne va pas accepter de réduire une partie de la population à la misère, et de la pousser à la révolte, et donc d'entretenir la précarité politique dans le pays, uniquement par respect pour des engagements internationaux qui profitent exclusivement aux puissances étrangères. L'obligation de suicide ne fait pas partie des règles des relations politiques, économiques, financières ou autres, à l'échelle internationale. Tout Etat souverain, et quels que soient ses engagements internationaux, a le droit de prendre les mesures nécessaires pour corriger les déséquilibres dans ses relations avec le reste du monde. Aucune justification, quelle qu'en soient les bases «morales» ou «politiques,» ne peut délégitimer le droit d'un pays à amender, même unilatéralement, ses engagements internationaux, s'ils portent un grave préjudice à ses intérêts. On sait que certains pays se prévalent de ce droit, sans même juger utile d'en informer leurs partenaires. Et les exemples de ces violations de lois internationales et traités multilatéraux sont tellement fréquents qu'en en citant certains on pourrait apparaitre mal disposé pour telle ou telle puissance. La défense nationale, un concept global qui va au-delà des forces armées et des organes de sécurité Ces réflexions soulèvent encore une fois le problème de la définition de la «défense nationale.» Se limite-t-elle exclusivement à la possession d'une armée permanente, bien organisée, bien entrainée, bien armée? Ou le monde moderne, qui a abouti à un profond bouleversement non seulement dans les techniques et l'armement; mais également dans la notion de défense, n'exige-t-il pas une définition et une approche qui va au delà de son aspect strictement militaire? On n'a pas besoin d'être passé par une école de guerre pour constater que la puissance militaire est parallèle, si ce n'est concomitante, et même confondue avec la puissance économique. Une armée, si puissamment équipée qu'elle soit, et si engagé et compétent que soit son commandement, a besoin d'un environnement économique porteur, qui lui procure non seulement les moyens financiers nécessaires pour son maintien, mais également le potentiel de production nationale assurant son équipement et son approvisionnement, une infrastructure facilitant le transport des moyens militaires, un système universitaire et de recherches autonome assurant le renouvellement et la mise à niveau des ressources humaines comme des moyens de défense en fonction de l'évolution de la technologie, etc, etc. En bref, rien dans l'organisation et la gestion des ressources du pays n'est étranger à la conception moderne de la défense, qui va au delà des instances spécialisées dans le domaine, quels que soient la compétence, l'engagement et le courage de ceux qui y consacrent leur vie. Dans cet ensemble la politique économique joue le rôle central. L'exemple le plus instructif est celui de la Chine, passée, grâce à son leadership, d'un pays livré aux appétits des grandes puissances étrangères, à une nation, fondée sur le plein épanouissement de ses ressources nationales, capable finalement de se défendre et de veiller à ce que ses intérêts internationaux soient pris en considération. En conclusion: Hélas! Et c'est une évolution à laquelle on ne peut rien, la formule, devenue banale, par laquelle Von Clausewitz, le génial penseur militaire prussien du 19ème commence son fameux ouvrage « De La Guerre,» encore étudié dans les écoles militaires du monde entier:» La Guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens a été remplacée, dans la pratique internationale, par la devise: «la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens.» Et, dans cette guerre permanente, qui se déroule devant les yeux de tout un chacun, l'économie est l'enjeu principal, si ce n'est le seul enjeu, dans ce monde surpeuplé où les besoins des pays les plus avancés ne peuvent être satisfaits qui si sont condamnés à la misère les peuples les plus faibles. Dans cette guerre économique permanente, la nouvelle classe des «milliardaires de pacotille» algériens n'œuvre pas au profit de la défense des intérêts économiques et financiers du pays, et constitue une menace sécuritaire , qui doit être traitée comme un problème de défense nationale à prendre au sérieux. Le gouvernement actuel, au delà des avatars de l'actualité en images, est, semble-t-il, sérieusement engagé dans cette bataille où les enjeux économiques vont bien au delà des domaines qui les couvrent dans leur définition classique. Il ne faut pas que l'on ait l'impression, dans ce contexte de tohu-bohu international et de difficultés intérieures, que certains milieux, pourtant parties au système de gouvernance, n'ont pas encore pris conscience, -au delà des relations interpersonnelles, et des conflits d'attribution ou des ambitions concurrentes dans cette période de transition -de ces enjeux, dont la bonne résolution déterminera la survie même du pays, et pas seulement le maintien de sa stabilité. |
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