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Des harraga dont personne ne veut !

par Mahdi Boukhalfa

Ce qui s'est passé dans la nuit du nouvel an à Cologne, en Allemagne, a pris des proportions insoupçonnées. Et peut accélérer le départ de Maghrébins, dont des Algériens, de ce pays, qui a accueilli plus de 1,1 million de réfugiés en 2015. Les choses semblent s'accélérer après la rencontre Merkel-Sellal à Berlin la semaine dernière. En tout cas, tout le monde aura retenu de cet événement que l'afflux de réfugiés en Allemagne ne semble pas, plutôt plus, du goût des hôtes allemands. Les Algériens sont-ils devenus tout d'un coup indésirables au pays de Beckenbauer et de Goethe? Cette nuit-là, terrible, qui avait donné lieu à plus de 500 plaintes pour violences contre des jeunes filles, peut-elle sonner le glas pour les Algériens émigrés et harraga en Allemagne ? Pour cette catégorie d'Algériens, c'est vraiment «la nuit des longs couteaux».

Pas l'épisode historique de la Washita. Ceux-là, la mort dans l'âme, vont peut-être payer pour la bêtise humaine, des agressions condamnables au plus fort d'une vague mondiale anti-islam, anti-musulmans, anti-Maghreb, anti-Arabes, anti-tout. Bref, le travail de longue haleine mis en œuvre depuis des dizaines d'années pour faire admettre à la société allemande, aux Européens que nous autres étions «des gentils», qu'il était parfaitement concevable qu'on vive dans une parfaite harmonie, a été saboté, détruit, piétiné en l'espace de quelques instants de folie. L'Allemagne, devenue un havre de paix pour les réfugiés et les harraga de tout poils, ne veut plus entendre parler aujourd'hui de ces Algériens qui ont été pourtant accueillis à bras ouverts. Angela Merkel, la chancelière allemande, l'a bien expliqué à Sellal: on ne veut plus des Algériens qui vivent illégalement sur le sol allemand, et les réfugiés des années de terrorisme peuvent rentrer chez eux, la paix est revenue au Bled. Mais, que faire de ces gens-là ? Un cadeau empoisonné pour le gouvernement que ce dossier des réfugiés algériens en Allemagne. Autre question: la police allemande n'a t-elle pas trop vite cliqué, dégainé et montré du doigt les Algériens sur la base de déclarations des énergumènes appréhendés lors de ces fameux événements? Tous les harraga du monde savent qu'il ne faut jamais donner sa nationalité lors des contrôles d'identité par la police locale, que ce soit en France, en Espagne ou en Allemagne ou ailleurs. Les sans-papiers marocains, libyens, turcs et autres, ont-ils fait de fausses déclarations à la police allemande ? Ont-ils enfoncé les Algériens ? Faudrait-il que l'Allemagne hausse le ton pour trois ou quatre Algériens coupables de violences condamnables et décider dans un coup de sang d'expulser tous les Algériens, y compris ceux qui avaient depuis des années un statut de réfugié et intégré la société allemande? Etait-ce un coup monté contre l'Algérie ?

La sentence est lourde: «le Maroc et l'Algérie doivent reprendre leurs citoyens dont les demandes d'obtention du statut de réfugié ont été rejetées par l'Allemagne». C'est ce qu'a déclaré hier le vice-chancelier et ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel à la télévision allemande ARD. En langage clair, «reprenez vos harraga!» Dans le lot, les demandeurs d'asile, et ils sont des milliers, vont être rapatriés dans les plus brefs délais. Mais, il faut que les Allemands prouvent que ce sont des Algériens. Pas évident, Abdelmalek Sellal a déjà miné le terrain? à Berlin même.