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En Europe, l'opinion bascule. Elle prend ses distances envers Israël,
même si les establishments maintiennent une complicité totale avec les
agresseurs.
L'impact du discours traditionnel israélien a nettement régressé. Certes, l'argumentaire classique développé à chaque agression est encore repris par des cercles totalement acquis à Israël, des cercles qui demeurent très influents, mais l'opinion occidentale et mondiale a pris ses distances envers un Etat de plus en perçu comme particulièrement agressif, exploitant à fond le filon des drames de la seconde guerre mondiale, mais totalement fermé à l'idée de paix. Au fil des agressions, l'armée israélienne reprend pourtant les mêmes arguments, avec les mêmes mots et les mêmes vecteurs. Israël ne mène pas d'attaque, mais riposte à des agressions. Il est contraint à subir des cycles de violence, alors qu'il s'agit agressions répétées contre Ghaza, soumise, rappelle-t-on, à un blocus total depuis 2006. Par mer, par air, par terre. L'armée israélienne appelle les palestiniens à fuir avant les bombardements. Pour bien confirmer qu'il s'agit en fait d'un peuple disposé à fuir, juste pour survivre. Mais ces palestiniens ne veulent pas fuir. Ils préfèrent mourir chez eux. Et puis, fuir, pour aller où? Ils n'ont nulle part où aller, car tout est bouclé. Sur un autre registre, le discours israélien affirme que son aviation ne bombarde pas, elle réalise des frappes aériennes. Elle ne vise pas les palestiniens, elle vise juste les méchants combattants du Hamas. Problème : les Palestiniens de Ghaza adhèrent largement à la position du Hamas, qui leur apporte la guerre et la mort, peut-être, mais qui signifie pour eux une aspiration à la liberté, car le Hamas résiste. Il est absurde de vouloir différencier de bons palestiniens, pacifistes, civilisés, résignés à l'occupation, et de méchants jihadistes amateurs de tirs de roquettes sur Israël. Rappel : la résistance à l'occupation est légitime. Quand des chars israéliens bombardent Ghaza et détruisent tout sur leur passage, ils mènent une incursion, qui ressemble presque à excursion. Et s'ils font des victimes civiles, c'est parce que le Hamas les utilise comme boucliers humains. Même quand il s'agit d'enfants, fauchés par des obus sur une plage déserte, et filmés par des journalistes occidentaux sans sympathie particulière pour les palestiniens? Evolution de fond Autre thème favori de la propagande israélienne, démonté sur les réseaux sociaux : les soldats israéliens capturés par les palestiniens. Il s'agit de de personnes enlevées, kidnappées, retenus en otage, non de soldats faits prisonniers. On oublie qu'ils viennent à bord de chars et de véhicules blindés, qu'ils tirent sur tout ce qui bouge. Sur ce terrain, la complicité d'une partie des médias occidentaux a poussé le cynisme à son extrême. Même si elle n'est pas formellement « embedded », cette presse reprend l'argumentaire israélien avec une complaisance inouïe. Sans se rendre compte que l'opinion européenne n'est pas complètement dupe, et que l'arme suprême, le chantage à l'antisémitisme, a perdu de son efficacité. Qu'est ce qui a changé, pour que tout ce montage apparaisse pour ce qu'il est, de la vulgaire propagande? Plusieurs facteurs y contribué. En premier lieu le poids des images, du à la multiplication des chaines de télévision et de l'internet. Quoi que puisse dire ou faire un communicateur, l'image d'un enfant fauché par un obus sur une plage déserte a choqué des millions de personnes. Une campagne habile peut atténuer le choc, détourner partiellement l'opinion vers autre chose, mais il est impossible d'effacer un tel crime. Il y a également d'autres facteurs, comme une opinion mieux informée, en mesure d'accéder à ses propres sources, plus variées qu'il y a un quart de siècle. Et il y a aussi le rôle central de l'internet, qui offre une information alternative, dans laquelle les producteurs institutionnels ont une part de plus en plus réduite. Décalage Sur tous ces terrains, Israël perd du terrain. Mais il garde des pré-carrés essentiels, qui lui garantissent encore l'impunité. Ses relais gardent une certaine efficacité pour organiser de très classiques manoeuvres de diversion. En France, l'agression contre Ghaza a curieusement débouché sur une campagne contre l'antisémitisme, et sur une polémique contre l'importation du conflit du Proche-Orient en France ! Et il y a même un revenant, Dalil Boubekeur, ancien recteur de la mosquée de Paris, pour cautionner la démarche. Pourtant, en France, comme d'ailleurs en Europe, l'opinion semble avoir basculé. Israël n'est plus le petit gentil faisant face à de méchants terroristes. Une enquête menée à l'échelle de l'Europe il y a dix ans avait révélé qu'Israël apparaissait, aux yeux des Européens, comme la première menace pour la paix mondiale. Les dirigeants européens avaient été choqués par ce résultat. Ils ont fait en sorte de faire disparaitre cette enquête, et se sont arrangés pour qu'il n'y en ait pas de nouvelle, car elle montre un énorme décalage entre la perception des Européens et celle de leurs dirigeants. Celle-ci est frappante en France, où presse institutionnelle et establishment sont en déphasage total avec l'opinion. Le président François Hollande a apporté son soutien à Israël le 12 juillet, pour affirmer, ensuite, que « tout doit être fait pour mettre un terme immédiat à la souffrance des populations civiles à Gaza ». Il n'a pas demandé à mettre fin à la guerre, ni à lever le blocus contre Ghaza. Il veut juste mettre fin à la souffrance des civils palestiniens. A peine s'il n'a pas ajouté qu'ils sont pris en otage par le Hamas. |
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