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L'Égypte post-Moubarek reste fascinante. On y voit, de jour
en jour, ce que des islamistes au pouvoir peuvent faire d'un pays. Pour contrer
le mouvement de révolte contre Morsi, les ?frères? usent finalement du fond de
leur pensée : ceux qui ne sont pas avec eux, sont des impies, des kouffar, des
sionistes, des traîtres, des infiltrés. Les soi-disant modérés du courant en
sont venus aujourd'hui à exprimer ce qu'ils cachaient, plus ou moins : si on
nous accule, on va déclarer le califat total et l'Etat de Dieu. Rien de moins.
La fille du morshid des ?frères?, le véritable président de l'Égypte sur le
modèle du guide suprême, a été claire dans son dernier twit : c'est la parole
de Dieu que nous défendrons, le choix d'Allah. C'est ainsi, les islamistes vous
parleront de démocratie et d'urnes mais ils pensent que c'est Dieu qui les a
élus, pas vous. Ils pensent qu'ils sont choisis pour un but céleste pas pour
une économie terrestre. La confrontation en Égypte, entre la nouvelle dictature
et ceux qui lui disent non, devient inévitable. Les «frères» gouvernent avec
l'idée qu'ils ne doivent plus jamais redonner le pouvoir au suivant, avec la
certitude qu'ils sont dans l'absolue vérité et que le reste du monde est leur
ennemi. D'où leur fascination pour les polices secrètes, les milices et les
paranoïa. Cela se voit en Égypte et en Tunisie, à échelle de pays. Pas
d'alternance, pas de dialogue sauf pour la vitrine, pas de concession sauf sous
le mode de la ruse de guerre. Comment le peuvent-ils eux qui sont les envoyés
de Dieu et les dépositaire de ses volontés? Allah ne discute pas, ne dialogue
pas, ne peut pas être l'objet d'un vote, ne peut pas négocier sa volonté avec
celle de partis d'opposition et n'a pas à écouter l'humanité. C'est Allah qui
parle? Non, ce sont nous, ses représentants. Ils nous l'a dit et on vous le
dit. La fetwa qui taxe les opposants à Morsi d'hérétiques entre dans cette
Logique et s'explique facilement quand on prend la parole à la place des cieux.
Comment cela va finir? Par l'usage de la force. Les islamistes vont tuer et ne lâcheront le pouvoir que morts. La confrontation est inévitable et elle sera sanguinaire. Elle n'aura pour seule vertu que d'en finir avec cette illusion des peuples dits «arabes» mais avec le prix lourd que l'on devine. On peut s'estimer heureux de commencer avec elle au début de ce processus de l'histoire et pas à la fin. Peut-être qu'il est bénéfique que les islamistes prennent le pouvoir maintenant et dans la pire des conditions. Ils le perdront d'autant plus vite. Vision trop optimiste? Peut-être. En attendant, il y a l'actualité. Elle confirme les trois constats du chroniqueur. 1- Ceux qui vous disent que l'Islam est la solution, pensent que vous êtes le problème. 2- Il n'y a pas d'islamistes modérés, il n'y a que des islamistes. 3- Les islamistes sont ennemis d'eux-mêmes : en invoquant Dieu, ils dilapident leur légitimité obtenue par les urnes et s'enferment, en reclus, dans l'univers de la secte. Conclusion? Il faut un second «dégage» au rat des cieux. |