On mange étranger, mais les toilettes nous appartiennent,
et la chasse aussi. Mais El ma est facturé étranger. On se soigne étranger,
mais le mal est local. On construit étranger, mais l'attribution de baraques
est nationale. On téléphone étranger, mais on allolise local, d'où les termes
bippili, flixili. On se parabolise étranger. On s'habille étranger. On se
véhiculise étranger. On se compare étranger. On connaît mieux le personnel
politique étranger. On autoroutise étranger. On vole étranger. Voler c'est
prendre un vol, non un envol comme la compagnie Khalifa Air Ways dont le patron
est à l'étranger. On tramway étranger. On s'arme étranger. On sécurise
l'étranger. On se branche étranger, on diabolise l'étranger et on fait la
chaîne et on se démène pour un visa pour l'étranger. On hôtelise étranger. Nous
shératonnons. Nous hiltonnons. Nous méridiennons, mais ha ! ha ! nous
bidonvilisons et bidonvillamilliardairisons local. Nos enfants préfèrent vivre
à l'étranger. Ils cherchent le bonheur à l'étranger, ils sont pourtant nés chez
nous. «Mine je serai grand j'irai m'installer à l'étranger et de là-bas, je
t'enverrai ya mma des devises et tu pourras vivre comme à l'étranger». Nos
gosses nous sont étrangers. Nous importons des réformes réfléchies à
l'étranger. Nos spécialistes s'épanouissent à l'étranger. Nos ingénieurs font
le bonheur des patrons étrangers. Nos malheurs nous viennent de l'étranger?,
alors là, arrêtons ! Tout nous vient de l'étranger ! Il est là notre malheur.
Il n'y a que le pain qui est cuit dans la coucha nationale. Mais voilà que les
boulangers nous promettent des jours sans pain. Maalich. Lors de la spéculation
sur la batata, nos décideurs ont envahi le marché par de la pomme de terre
importée de l'étranger? Dans le même sillage, importons la baguette
parisienne?, les boulangers étrangers sont dans le pétrin, ils arrivent
difficilement à gagner leur pain? Aidons pour une fois l'étranger qui n'arrête
pas de nous rouler dans la farine?