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Le comité ministériel de la Ligue arabe sur la Syrie,
présidé par le Qatar, qui regroupe l'Arabie Saoudite, le sultanat d'Oman,
l'Egypte, le Soudan, l'Algérie, l'Irak et le Koweït, a demandé au président
Bachar Al-Assad de quitter le pouvoir en échange d'une sortie «sûre» pour lui
et sa famille. L'appel est fait au nom du souci de «mettre fin à l'effusion du
sang», de «préserver l'unité de la Syrie» et «garantir une transition pacifique
du pouvoir» dans ce pays, membre de la Ligue arabe, selon le texte.
Un seul pays membre du comité a refusé d'approuver cet appel, avait affirmé dimanche le ministre qatari. L'Irak a rapidement expliqué qu'il avait émis des réserves sur cet appel car il revenait au seul peuple syrien de décider du sort de Bachar Al-Assad. Le compte était ainsi fait. Pendant de longues heures, on s'est demandé si l'Algérie a vraiment approuvé, sans réserve, cet appel qui ne surprend pas venant du Qatar ou de l'Arabie Saoudite. Ces pays apportent un soutien en armes et en fonds à l'opposition syrienne et ont expliqué depuis le début qu'ils veulent régler son compte au régime de Damas. Ce n'est pas le cas de l'Algérie. Il a fallu attendre un certain temps avant qu'un article de l'APS ne vienne contredire le représentant du Qatar. Tout comme l'Irak, l'Algérie a bien émis des réserves sur la décision de la Ligue arabe d'appeler le président syrien à renoncer au pouvoir. C'est une «décision souveraine du peuple syrien frère et qui ne relève pas des prérogatives du conseil» aurait fait valoir l'Algérie, rapporte l'APS en citant le document final de la réunion. L'Algérie «émet des réserves sur le troisième paragraphe partant du fait que cette décision ne relève pas des prérogatives de ce conseil mais demeure une décision souveraine du peuple syrien frère», selon le document. Cela met fin à des spéculations qui ont duré quelques heures sur un éventuel changement de cap de la diplomatie algérienne. Pourquoi le représentant du Qatar a-t-il parlé des réserves exprimées par un seul pays alors qu'il y en a deux - l'Irak et l'Algérie -, cela relève probablement des petites manœuvres ? Car, il est logique que l'Algérie se retrouve, sur cette question, du côté de l'Irak plutôt que du côté des Etats du Golfe. Il est déjà arrivé que l'Algérie exprime dans le cadre de ce comité ses «réserves» à l'égard d'un appel ou d'une décision. Appeler au départ d'un dirigeant étranger, même arabe, aurait été un changement de cap de la politique algérienne entraînant une remise en question du sacro-saint principe du respect de la souveraineté et du refus de l'ingérence. Un tel changement aurait été probablement approuvé par les islamistes algériens qui, c'est notoire, souhaitent, comme l'Arabie Saoudite et le Qatar, la chute du régime syrien. D'autres l'auraient souhaité au nom d'un «pragmatisme» qui aurait manqué à la diplomatie algérienne au cours de la crise libyenne au point de se faire tancer par les Occidentaux. Avec les «réserves» exprimées officiellement, l'Algérie officielle reste sur ses traditions. Pourtant, cet épisode pose la question de la participation de l'Algérie à ce comité ministériel. Est-il vraiment utile d'y participer quand on n'est pas vraiment acteur d'un comité managé de bout en bout par le Qatar et l'Arabie Saoudite ? |
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