|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
C'est pratiquement sur fond de grandes préoccupations de la
communauté internationale et plus particulièrement les pays voisins que la
situation au nord du Mali, aux mains désormais de groupes armés, évolue. Une
évolution rapide, dangereuse, inquiétante. C'est en fait ainsi que les experts
qualifient la situation qui prévaut dans cette partie du pays, où l'Etat est
absent depuis la chute des villes de la région en avril dernier et la débandade
de l'armée malienne devant les groupes surarmés de la rébellion et ceux
affiliés aux groupes terroristes d'Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) ou de
la dissidence (MUJAO) ou encore Ansar Eddine. Le Mali a été violemment divisé
au lendemain du putsch militaire du 22 mars et la chute du régime de Toumani
Touré, accusé d'avoir laissé traîner les choses dans le Nord du pays où la
rébellion touareg devenait chaque jour un peu plus menaçante. Les événements de
Libye et la chute du guide Maamar Kadhafi ont fait que des centaines de combattants
touareg enrôlés dans l'armée libyenne, dont des officiers, ont vite fait de
rejoindre le pays et les mouvements touareg, avec ?'armes et bagages''. D'où
cette facilité déconcertante avec laquelle ils avaient pu prendre le dessus sur
l'armée malienne. Pour autant, cette déroute a immédiatement provoqué
l'éclatement des forces dans la région, avec notamment l'alliance entre les
groupes d'Aqmi, du Mujao et d'Ansar Edine, l'autre groupe rebelle touareg. Une
mayonnaise tellement forte que les pays riverains, la Cédéao et l'Union
africaine en sont venus à demander tout simplement une intervention militaire
pour expurger la région des groupes terroristes et négocier avec la vraie
rébellion, représentée par le MNLA, dont des émissaires ont été reçus dimanche
par le médiateur de la Cédéao pour un plan de sortie de crise. Les choses
restent cependant compliquées, et ce n'est pas une intervention militaire
musclée contre la sédition du Nord qui va arranger les choses. Sur le plan
diplomatique, des actions, certes, sont menées pour arriver très vite à une
décantation de la situation, notamment chasser les groupes armés de la région
nord du pays. Après les chefs d'Etat du Niger et de Guinée, l'Union africaine
(UA) s'apprête à saisir l'ONU pour obtenir son appui à une intervention
militaire. Des chefs d'Etat africains avaient appelé à la poursuite des
négociations avec les mouvements armés «à l'exclusion des groupes terroristes»,
mais décidé d'une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU en vue d'une
éventuelle intervention militaire. Bien sûr, la voie du dialogue est
privilégiée notamment avec le MNLA, actuellement poussé au dialogue avec la
Cédéao après ses démêlés avec l'autre groupe armé touareg Ansar Edine, qui
contrôle les trois grandes villes du Nord avec l'appui des groupes terroristes
d'Aqmi. Mais, au-delà de ces péripéties qui ne semblent pour le moment pas
inquiéter ni affoler le semblant d'autorité à Bamako, il y a un jeu malsain qui
est en train d'être déployé dans cette région, où l'uranium, un minerai assez
rare et utilisé dans l'industrie nucléaire et de l'armement, serait un des
enjeux d'une lutte feutrée entre puissances occidentales.
Sinon, comment expliquer le brusque intérêt de la France à la sécurité du Niger avec ses mines exploitées par la française Areva, et le semblant de désintérêt par rapport à ce qui se passe au Mali. Il y a également le silence étonnant de Washington qui est même devenu inquiétant, alors que jeudi dernier à Istanbul, Hillary Clinton avait confirmé que son pays mènerait une guerre totale contre le terrorisme, là où il se trouve. Sauf que pour le Sahel, elle est restée muette. Faut-il en conclure que la gestion des risques et des menaces en Afrique reste toujours subordonnée aux zones d'influence que se partagent les anciennes puissances coloniales ? |
|