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l'espace d'une nuit, le Premier ministre grec Georges Papandréou, encensé la
veille par ses pairs européens et les milieux financiers en tant qu'homme
d'Etat «sage et courageux» pour avoir administré à la Grèce et à son peuple des
cures d'austérité toujours plus drastiques en raison de l'état de faillite de
la nation, se retrouve au matin traité par les mêmes «d'irresponsable et
pyromane» mettant en danger la survie de l'Union européenne et de sa monnaie.
Son changement de statut, Papandréou le doit à la décision qu'il a rendue publique de soumettre à référendum le plan de sauvetage de la Grèce établi à Bruxelles par les 17 Etats membres de la zone Euro. Décision que ses détracteurs présentent comme celle d'un homme qui, au dernier moment, a fait choix de tenir compte de ses intérêts politiques personnels et partisans plutôt que de ceux de la Grèce et de l'Union européenne dont elle fait partie. Tout juste si certains de ses pairs européens n'ont pas prononcé sa déchéance pour crime «d'européocide». Il n'empêche que la réunion qu'ils ont programmée entre eux en marge de l'ouverture à Cannes du G20, et à laquelle ils lui ont demandé d'assister, s'apparente à leurs yeux à un tribunal en charge de faire son procès. Il est vrai que la décision de Papandréou de soumettre le plan européen de sauvetage de la Grèce à référendum n'est pas pour calmer la tempête que provoque dans le monde financier et boursier la situation de faillite de son pays et le risque de contagion à d'autres Etats européens. Il se trouve pour autant que nombreux sont d'autres acteurs politiques européens et experts financiers qui saluent son initiative en tant qu'acte relevant d'un principe démocratique qu'ont ignoré les politiques et technocrates qui, à Bruxelles, ont forcé la main au Premier ministre grec pour lui faire entériner le plan de sauvetage établi par eux. C'est qu'il faut tout de même demander leurs avis aux peuples à qui on destine les amères potions des plans d'austérité. Celui qui a été concocté la semaine dernière pour la Grèce est terrible dans ses conséquences sociales pour son peuple, sans même la garantie qu'il sorte le pays de son état de faillite. Papandréou a peut-être reculé devant la gravité de la situation qui va en découler pour ses compatriotes. Il n'a pas tort, s'il a considéré que même s'il préside un gouvernement démocratiquement élu, il n'a pas le droit d'imposer au peuple grec une terrifiante thérapie financière et sociale sans le consulter préalablement. D'autant que l'on sait que les banquiers, financiers et boursicoteurs, qui sont à l'origine de la crise financière mondiale et de celle des dettes souveraines qui en a découlé, ont eu droit, eux, à des plans de sauvetage en aucune manière aussi «saignants» que ceux appliqués aux peuples. Il y a aussi du calcul dans la décision de Papandréou. Celui de placer les «sauveteurs» de son pays devant une situation qui devrait les contraindre à se montrer moins exigeants sur les sacrifices qu'ils veulent imposer à l'Etat grec et à ses citoyens. Il leur a en somme envoyé le message d'avoir à ramener à la baisse leurs conditions sans cesser leur aide financière à son pays. Faute de quoi, la non-application du plan européen pour la Grèce entraînera la ruine du système financier de la zone Euro. Ce n'est qu'à cette condition, semble dire le Premier ministre grec, que ses compatriotes, qui sont conscients de la gravité de la situation de leur pays, reculeront devant le «non» au référendum qui signerait la sortie de la Grèce de la zone Euro et, par effet d'entraînement, le démantèlement de celle-ci. |
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