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T el qu'il s'est produit et
par ce qu'il vise à atteindre, le printemps arabe oblige dirigeants et
politologues en Occident à réviser la perception initiale simpliste qui a guidé
leur analyse de l'évènement. Condescendants à l'égard des peuples qui sont les
acteurs des révolutions dont le monde arabe est le théâtre, ils n'ont en effet
voulu voir en elles que ce qui cadre avec la grille d'analyse qui est leur
concernant les réalités de ce monde. C'est ainsi qu'ils ont décrété que les
peuples en révolte n'ont d'autre revendication que celle d'en finir avec des
régimes et des potentats dictatoriaux arrivés à un stade final d'impéritie et
d'injustice. Autrement dit, qu'une fois ce but atteint, ils n'ont aucune visée
de remise en cause des rapports déséquilibrés et méprisants que l'Occident
entretient avec leurs pays respectifs et de sa façon de se comporter à leur
égard.
Les manifestations de vendredi au Caire contre la représentation diplomatique israélienne sont à ce titre une démonstration de la fausseté de l'analyse occidentale sur le printemps arabe. Ou du moins de son étroitesse. Elles ont fait comprendre que le peuple égyptien ne s'est pas débarrassé de Moubarak et de son régime pour continuer à accepter que l'Etat d'Israël se comporte et agisse à l'égard de l'Egypte comme il le faisait du temps de sa dictature et de sa politique de totale soumission à l'endroit de ses visées et volontés. La colère qui, au Caire, a visé l'ambassade d'Israël exprime que les Egyptiens conçoivent que leur libération de la dictature s'accompagne du refus de l'humiliation de leur pays par l'étranger. L'Etat sioniste et ses relais propagandistes ne se sont pas mépris sur la signification de ce qui s'est passé vendredi au Caire contre la représentation diplomatique israélienne. Ils s'obstinent néanmoins à en ternir le message en lui donnant la traduction visant à conforter l'image dévalorisante qu'ils veulent donner du printemps arabe à l'opinion internationale. Les manifestants qui s'en sont pris à l'ambassade israélienne ont été pour ce faire traités de «horde déchaînée» et leur colère taxée de «réaction antijuive». Une présentation qui a pour but de renforcer en Occident le sentiment anti-arabe que le printemps du même nom est en train de priver de son argumentaire traditionnel. Ce printemps arabe est pour Israël la plus dangereuse menace qui lui vient du monde arabe depuis sa création. Non pas parce qu'il remet en cause l'équilibre de force militaire entre lui et les Etats arabes, mais pour ce qu'il est en train de produire de changements dans ces Etats arabes, qui réduisent à néant son dispositif propagandiste servant à perpétuer la fausse vision d'un Etat hébreu unique en démocratie au Moyen-Orient. Au grand dam d'Israël et de ses soutiens, le monde arabe se démocratise et ses peuples sont aussi aptes désormais que le peuple israélien à être considérés comme des acteurs politiques majeurs qui n'entendent pas se faire dicter les solutions aux problèmes de leurs pays ou de la région. Entre ces peuples et Israël, la cause palestinienne est plus que jamais au cœur de leurs rapports. Les peuples arabes ont désormais la latitude et la détermination d'imposer à leurs gouvernants de ne plus faire dans la compromission et la trahison au sujet de cette cause. |
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