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Avec l'adoption
de La Résolution 1973 au Conseil de Sécurité des Nations Unies à dix contre
zéro et cinq abstentions, autorisant une zone d'exclusion aérienne et
probablement une carte blanche à une intervention militaire occidentale
financée par des pays du golfe Persique contre la Libye, ce riche pays
d'Afrique du Nord fait face à l'un des derniers développements dans une longue
série de plus de quarante ans de guerres secrètes menées contre son régime
atypique.
Même s'il ne fait aucun doute que les revirements constants du guide de la révolution libyenne comme il se plaît à s'appeler lui-même autant que ses nombreuses erreurs en matière de politique étrangère ont donné une image assez déconcertante pour nombre de pays occidentaux, son imprévisibilité le laissait souvent isolé sur la scène régionale et internationale. Très peu de temps après son coup d'Etat militaire de 1969 contre le Roi Idris Ier, un potentat corrompu et à la solde des britanniques, Kaddafi dont le caractère imprévisible agace, devient rapidement la cible d'intenses opérations secrètes menées par les français, les britanniques, les israéliens et les américains visant à l'éliminer et à changer le pouvoir en Libye. En 1971, un plan britannique d'invasion de la Libye en s'appuyant sur des troubles internes en Cyrénaïque visant à la libération de détenus politiques pro-monarchistes et la restauration de la monarchie échoue après quelques jours de combats durant lesquels le pays s'embrase dans un début de guerre civile. En 1977, une révolte populaire à laquelle participent des travailleurs expatriés égyptiens met à feu et à sang les villes de Tobrouk, Derna et Benghazi. Kaddafi prends la décision radicale d'expulser l'ensemble des ressortissants égyptiens établis ou de passage sur son territoire, déclenchant ainsi une crise avec l'Egypte de Sadate. La tension aux frontières entre les deux pays se transforme en duel d'artillerie. Les Américains et les Britanniques pressent le président Sadate d'envahir la Libye et d'en finir avec le Colonel «fou». Les bons offices Arabes et notamment la médiation du président Algérien Boumediène mettent fin au conflit. En 1980, le colonel Alain de Gaigneronde de Marolles démissionne après le fiasco d'un plan français soutenant une rébellion armée à Tobrouk. Les forces gouvernementales parviennent après d'intenses combats et non sans d'énormes difficultés, à encercler les rebelles dans la région de Benghazi. En 1982, plusieurs opérations de la CIA à partir du Tchad visent l'élimination physique de Kaddafi ; ce dernier devient, à partir de 1984, une priorité aussi élevée dans l'agenda des services secrets américains que la menace soviétique. Le financement de la guerre menée par le Tchad et la France contre la Libye a été assuré par le royaume d'Arabie saoudite, l'Egypte, le Maroc, Israël et l'Irak. Les saoudiens ont garanti 7 millions de dollars US à un groupe d'opposition, le Front national pour le salut de la Libye, activement soutenu par les services de renseignements français et la CIA. Le 8 mai 1984, un plan concerté visant l'assassinat de Kaddafi et la prise du pouvoir par l'opposition basée à l'étranger est mis en échec. L'année suivante, les Etats-Unis d'Amérique demandent à l'Egypte d'envahir la Libye et d'y renverser son gouvernement. Le président égyptien Moubarek se montre réticent et invoque un manque de ressources. Cette affaire est éventée vers la fin de l'année 1985 par la publication d'une lettre de protestation au président Reagan émanant de membres du Congrès opposés à cette démarche dans le Washington Post. En 1985, un début de guerre civile éclate en Libye. Des rebelles armés s'emparent des villes de Derna et de Baida près de Benghazi et une rébellion éclate au sein des forces armées. Les forces loyalistes arrivent à écraser la rébellion, ce qui pousse les occidentaux à envisager l'entrée en scène de l'armée égyptienne afin de soutenir la rébellion. Ce sera un scénario presque similaire qui sera adopté vingt-six ans plus tard en 2011. Frustré par leurs multiples tentatives de reversement du régime de Kaddafi, les américains procèdent à un changement soudain de stratégie. Le 14 avril 1986, 30 chasseurs-bombardiers américains (dont des FB-111) décollant de porte-avions et à partir de bases US en Grande Bretagne et en Espagne, mènent des raids aériens sur Tripoli et Benghazi. L'opération baptisée El-Dorado Canyon visait directement l'élimination physique du Colonel Kaddafi et de sa famille. Huit des dix-huit FB-111 ayant décollé de Grande Bretagne étaient spécifiquement mobilisés pour le bombardement de la résidence du Colonel Africain incontrôlable. En représailles à cet assaut aérien, Kaddafi ordonne à ses forces de procéder à des tirs de missiles balistiques de type « Scud » sur des bases militaires US en Italie. Deux missiles sont tirés mais tombent en méditerranée. Quelque temps plus tard, un combat aérien entre des Mig-23 libyens et des F-14 Tomcat US au dessus du littoral libyen se termine par la destruction des appareils libyens. Les médias occidentaux n'évoqueront plus avant longtemps une action militaire directe contre la Libye. Cependant, la CIA enclenche une vaste série de complots et soutient une série ininterrompue de tentatives de putschs anti-Kaddafi. Une armée secrète est recrutée à cette fin, notamment des débris des unités libyennes capturées lors de la guerre avec le Tchad durant les années 80 et les britanniques créent, financent et soutiennent une constellation de groupes d'opposition en Libye et à l'étranger dont le Mouvement national libyen basé à Londres. Lors de la guerre Irak-Iran, la Libye s'engage aux côtés du Yémen, de la Syrie, du Soudan et de l'Algérie aux côtés de l'Iran contre l'Irak, soutenu par l'Arabie Saoudite, l'Egypte, le Koweit, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. Tripoli soutiendra également divers groupes qualifiés de terroristes et flirtera dangereusement avec des mouvances islamistes au Soudan. A partir de 1990, les français et les britanniques sont derrière d'autres tentatives de déstabilisation et d'assassinat visant Kaddafi en utilisant le pouvoir fantoche de N'djaména. En 1994, une attaque à la grenade contre Kaddafi déclenche une terrible répression contre l'opposition islamiste. En 1996, une rébellion islamiste menace la Libye et on enregistre des milliers de morts dans les combats. D'autres troubles secouent le pays en 1998, 2002 et 2004, notamment lors de la chasse aux africains, récurrentes au lendemain de chaque tentative de déstabilisation du régime. Le groupe islamique combattant libyen ou GICL, en partie soutenu par Londres, mène une guérilla larvée contre le régime et s'allie plus tard avec ce que l'on appelle la Qaida au Maghreb Islamique. En 2005, une mutinerie éclate à la prison de Abou Sélim près de Benghazi. On parle de 800 à 1600 morts selon les sources. Benghazi la frondeuse n'acceptera jamais le Colonel Kaddafi. Celui-ci le lui rendra bien. Le 17 février 2011, un appel sur Facebook lancé à partir de Londres pour commémorer le massacre de la prison de Abou Sélim dégénère en un nouvel coup d'Etat, le trente-neuvième dans les quarante ans de règne du colonel Kaddafi. Les évènements se transforment vite en guerre civile entre les deux provinces historique de Tripolitaine et de Cyrénaïque autour du contrôle des hydrocarbures. Vue comme une révolte dans le sillage des révoltes relativement Soft de Tunisie et d'Egypte, l'expérience échoue en Libye où les occidentaux sont obligés d'intervenir directement en assurant un soutien aérien aux opposants de Cyrénaïque en guerre avec le régime de Tripoli. L'intervention est couverte par une Résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU qui fera date. Cette fois ci, pour des raisons de politique interne, les USA sont obligés de sous-traiter la tâche à leurs alliés européens, français et britanniques en tête avec un financement de certains pays du Golfe persique, devenus partie prenante dans le conflit libyen. |
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