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La Tunisie est la solution». Des milliers de
personnes qui ont manifesté hier en Egypte ont scandé ce slogan sans équivoque.
Un signe que ce qui s'est passé en Tunisie donne des idées aux citoyens dans de
nombreux pays arabes où les libertés sont confisquées.
Et il est évident que cet évènement tunisien considérable, même s'il ne va pas faire «tomber» de manière immédiate des régimes, crée une situation nouvelle. L'enjeu de la bataille qui se déroule encore actuellement en Tunisie déborde largement ce pays. Une démocratisation réussie constituera un repère pour les sociétés et les pouvoirs en place ne pourront feindre de l'ignorer. Quand les opposants dans de nombreux pays arabes scandent «nous sommes tous des Tunisiens», cela signifie que la révolution tunisienne a déjà marqué le niveau minimal des exigences politiques. Les régimes en place peuvent essayer, bien entendu, de renforcer les dispositifs sécuritaires mais, sur le moyen terme, cela deviendra intenable. La Tunisie n'est loin d'aucun pays arabe, ce n'est pas la lointaine Suède. On peut constater déjà qu'il est impensable que le régime égyptien ose, après la fin de Ben Ali, aller dans le sens de la transmission familiale du pouvoir. C'est bien fini, à moins que le système égyptien ait perdu tout sens du réel. La Tunisie révolutionnaire a déjà barré le chemin au fils de Hosni Moubarak. C'est au fond la première «victime» extérieure de la Révolution du jasmin. L'impact considérable des évènements rend totalement inacceptable un passage de pouvoir qui semblait, malgré les contestations en Egypte, une forte probabilité. Désormais, cela devient une impossibilité. Et si le régime persiste à essayer de le faire, cela sera un motif d'explosion ou de révolution. On n'imagine pas le régime égyptien se risquer à une pareille aventure. L'évolution de la situation enhardit considérablement les opposants au régime. A l'image de Mohamed El Baradai dont le discours se met en phase avec la révolution tunisienne. Pour l'ancien patron de l'AIEA et opposant à Moubarak, les choses sont allées trop loin et le «changement par le biais des urnes est dépassé. En Egypte, la rue est devenue l'unique moyen de réaliser les aspirations populaires après que le régime de Moubarak eut fermé toutes les portes à l'introduction de réformes et à l'alternance». El Baradai est encouragé par les manifestations d'hier qui ont démontré, selon lui, «l'effondrement de la culture de la peur» entretenue par le pouvoir. Les mouvements actuels sont une «boule de neige qui grossit, grossit»? Le régime de Moubarak «tremble» et «atteint le plus haut niveau de peur et de désarroi» après ce qui s'est passé en Tunisie. L'assertion n'est pas exagérée. El Baradai estime que la porte de sortie pour le régime est que Moubarak renonce à être encore candidat, une nouvelle constitution, des élections libres et la levée de la loi martiale imposée au pays depuis 29 ans. Il est peu probable que le régime accepte d'aller facilement dans le sens de l'ouverture. Mais, privé d'une succession de père en fils du pouvoir, il pourrait être tenté de reconduire le vieux Moubarak, créant ainsi une distance abyssale entre une société jeune? et convaincre les Egyptiens que la «Tunisie est bien la solution». |
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