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Pas de négociations tant que la colonisation
continuera. Les responsables de l'OLP et du Fatah ont réaffirmé un niveau
d'exigence basique qui devrait, normalement, rendre inutile de quêter un parapluie
arabe. La négociation est une issue normale de tout conflit, il faut en
convenir. Mais la négociation est une farce quand l'autre partie continue sa
politique de grignotage accéléré des terres.
La direction palestinienne de Ramallah, on l'espère, doit s'en tenir à cette position minimaliste et ne pas accepter, comme elle l'a souvent fait, de se payer de mots. Netanyahu, le négociateur-colonisateur, vient d'ailleurs d'inventer le concept de «colonisation light», ou une politique de colonisation «modérée faite de retenue». M. Netanyahu, partisan des négociations qui ne doivent jamais déboucher sur rien, a montré un souci remarquable de l'opinion des colons sionistes les plus ultras. La fausse perche qu'il envoyait aux dirigeants palestiniens était ridicule. Elle signifiait tout simplement : on continue la colonisation. L'OLP et le Fatah se seraient totalement déconsidérés s'ils avaient fait mine de croire que la « colonisation douce» ne serait pas de la colonisation? Tant mieux donc si ces dirigeants palestiniens, parmi lesquels figurent des «négociateurs» depuis Oslo, ont compris qu'il ne servait à rien de faire semblant. Ils l'ont fait durant les «négociations indirectes» et ils l'ont fait quand, sur pression des Américains, ils se sont engagés dans des «négociations directes». Les Palestiniens n'ont pas besoin de demander un alibi aux Etats arabes. Ils doivent leur demander de constater publiquement que le parrain américain, auquel ils ont tout délégué, n'est même pas en mesure d'amener Israël à prolonger un moratoire sur la colonisation. Bien entendu, il se trouvera toujours des responsables arabes qui objecteront qu'il n'y a pas de solution de rechange à la négociation. Le problème est que le monde entier constate qu'il n'y a jamais eu de négociations. Il n'y a eu que des simulacres durant lesquels la colonisation s'est élargie, tandis que les Palestiniens se voyaient imposer une situation d'apartheid. Dans ces situations, il y a toujours un rapport de force à créer avant que la négociation n'ait du sens. Or, avec une direction palestinienne affaiblie et en mal de légitimité et des forces palestiniennes divisées, les conditions d'une négociation sérieuse ne sont pas réunies. Au lieu de se lamenter sur l'absence d'alternative - la résistance est toujours une bonne alternative -, les dirigeants palestiniens et les autres responsables arabes doivent commencer par se convaincre qu'ils ne sont pas sans atouts et qu'ils peuvent agir pour créer le bon rapport de force. Ils peuvent dire ouvertement aux Américains qu'ils tiennent beaucoup à leur amitié mais qu'ils trouvent que leur complaisance à l'égard d'Israël a dépassé les limites. Ils peuvent aussi expliquer qu'ils se refusent à participer de manière franche ou insidieuse à des campagnes contre l'Iran. Ils ne sont pas obligés d'aimer les Iraniens, ils sont encore moins obligés de s'en faire des ennemis à la demande de Washington. Le trop franc Lieberman a expliqué qu'il n'y avait pas de solution à attendre pour les Palestiniens avant le «règlement du problème iranien». Les dirigeants arabes ont-ils compris le message ? Si l'Iran est détruit, quelqu'un pourra-t-il négocier quelque chose avec Israël avant un siècle et plus ? Pas plus qu'il n'y a de colonisation «light», il ne peut y avoir d'erreur «light». Au Proche-Orient, oublier les fondamentaux est une erreur fatale. |
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