Benyamin Netanyahu a obtenu que la reprise des pourparlers
directs israélo-palestiniens qui vont débuter le 02 septembre se fasse sans
conditions ni préalables de la part de ces derniers. Fort de son «succès», il
donne libre cours à son arrogance en posant par contre les siens. Qui sont que
les Palestiniens doivent reconnaître le caractère juif de l'Etat d'Israël, ne
plus faire référence aux frontières d'avant 1967, admettre que Jérusalem est la
capitale indivisible de cet Etat juif et renoncer à la formation d'une force
militaire pour l'Etat Palestinien qui viendrait à être créé. Autant dire donc
que, dans son esprit, les négociations prévues devront se limiter à l'acceptation
par les Palestiniens des quelques miettes de «souveraineté» sur la portion
réduite à une peau de chagrin du territoire pour lequel Israël consentira à la
création d'un Etat palestinien. Netanyahu ne fait que reprendre à son compte la
tactique dont ses prédécesseurs à la tête du gouvernement israélien ont usé
pour rendre impossible l'acceptation par les Palestiniens de la création de
leur Etat à ces conditions. Netanyahu va toutefois encore plus loin que ses
prédécesseurs en exigeant presque que les négociations annoncées aient lieu
sous la forme d'entretiens en tête-à-tête entre lui et le président Mahmoud
Abbas. Une telle suggestion fait sous-entendre que, pour les Israéliens,
Mahmoud Abbas serait l'interlocuteur palestinien le plus enclin aux ultimes concessions
qui sont demandées par eux. Elle est aussi une insidieuse façon d'aggraver les
désunions inter palestiniennes. Il est clair en effet que, déjà en butte à de
virulentes attaques dans l'opinion palestinienne pour avoir accepté la reprise
des pourparler directs sans que l'ennemi sioniste ait fait le moindre geste
plaidant en faveur de cette perspective, Mahmoud Abbas n'est pas qualifié aux
yeux de ses détracteurs pour obtenir d'Israël un accord de paix équitable. En
suggérant» donc que Mahmoud Abbas soit son interlocuteur exclusif dans les
négociations pour un accord, Netanyahu conforte ces derniers dans leur soupçon
que le président de l'Autorité palestinienne est dans une disposition d'esprit
défaitiste dont l'ennemi sioniste veut profiter pour réaliser son «plan de
paix» avec les Palestiniens. C'est en tout cas en leader palestinien faible,
sans grande autorité et franchement limité dans sa marge de manœuvre que
Mahmoud Abbas s'est incliné aux pressions américaines et internationales.
Netanyahu n'a l'intention de conclure un accord ni avec ce président de
l'Autorité palestinienne ni avec aucun autre interlocuteur. Sauf qu'en
acceptant d'ouvrir des pourparlers directs malgré les inacceptables préalables
formulés par le cabinet israélien et en sachant que celui-ci ne veut nullement
arriver à un accord acceptable pour les Palestiniens, Mahmoud Abbas offrira à
la partie israélienne les justificatifs de son rejet sur lui de la
responsabilité de l'échec programmé des négociations qui vont s'ouvrir.
Avec Mahmoud Abbas
à la tête de leur Autorité nationale, jamais les Palestiniens ne se sont
engagés dans des négociations «de paix» avec l'ennemi sioniste dans une
position aussi faible que celle à laquelle ils sont réduits à la veille de
celles qui vont s'ouvrir à Washington le 02 septembre.