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C'est avec une satisfaction jubilatoire que Benjamin Netanyahu
a accueilli l'annonce faite par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton de la
reprise à Washington, le 02 septembre, des pourparlers directs entre
Palestiniens et Israéliens. Ce ne fut pas le même sentiment qui s'est dégagé de
la réaction du président de l'Autorité à la même annonce. Et pour cause,
Mahmoud Abbas sait que cette reprise à laquelle il a donné son accord forcé et
contraint n'augure rien de bon pour la cause du peuple palestinien et n'a été
acceptée côté israélien qu'au prix de son renoncement à toutes les exigences et
préalables auxquels il l'avait conditionné.
Dans ces conditions, cette reprise des pourparlers directs s'annonce comme un remake des négociations du même genre que Palestiniens et Israéliens ont eu depuis les accords d'Oslo. C'est-à-dire que les négociateurs israéliens n'étant obligés par aucune «feuille de route» fixant leur fond, ils se refuseront à discuter de la levée des obstacles qu'ils mettent à la création d'un Etat palestinien. Le président palestinien ne sera pas en position de forcer son interlocuteur israélien dès lors que les parties internationales qui ont plaidé cette création en tant que solution au conflit palestino-israélien ont fait pression sur lui pour reprendre les pourparlers directs tout en sachant que pour Natanyahu et son cabinet cette perspective est totalement exclue. Tout ce qu'ils ont déclaré ou fait depuis qu'ils sont au pouvoir en Israël est allé dans ce sens en ne suscitant que de timides remontrances internationales même quand leurs initiatives consistent en l'extension de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem Est et s'accompagnent d'une tentative d'épuration ethnique. Mahmoud Abbas est pris au piège de la duplicité des acteurs internationaux sur l'appui desquels il a fondé sa ligne de conduite à l'égard de l'état hébreu. Ces mêmes acteurs lui avaient promis, à l'occasion de tous les rounds des négociations directes qui ont eu lieu entre Palestiniens et Israéliens, que la question de la création d'un Etat Palestinien est chose réglée. Une échéance, celle de 2005, avait même été solennellement avancée. En 2010, cette création n'est rien moins qu'une utopie, ce que démontre la réalité de la situation sur le terrain. Même pour les «parrains»et autres protagonistes dans la recherche d'une solution au conflit palestinien-israélien, elle ne semble plus d'actualité à partir du moment où ils ont renoncé à l'imposer de façon franche et déterminée à l'Etat sioniste et ferment les yeux sur ce qu'il fait pour la rendre impossible. Malgré cette évidence, Mahmoud Abbas est contraint de retourner «à la table des négociations». Il est forcé et contraint d'y aller sinon c'est lui et la partie palestinienne qui seront désignés en tant «qu'empêcheurs de faire la paix» par ceux-là mêmes qui, par leur complicité assumée avec Israël ou par impuissance, ont conforté cet état dans la poursuite de sa politique à l'égard des Palestiniens, qui se résume au refus d'un Etat national pour ceux-ci et la perpétuation de son occupation de leurs territoires aux frontières officiellement reconnues par la communauté internationale. Le 02 septembre donc, l'on assistera à un grand show diplomatico médiatique au seul bénéfice électoral de Barack Obama et de Netanyahu qui aura ainsi l'opportunité de briser l'isolement international dont son cabinet est l'objet. Quant aux Palestiniens, rien ne changera pour eux dans le fond, à savoir qu'ils doivent compter sur eux-mêmes pour faire avancer leur cause nationale. |
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