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La Maison-Blanche veut la reprise de pourparlers directs
entre Palestiniens et Israéliens. Tout indique que l'on s'achemine vers cette
reprise, même si les Palestiniens n'ont obtenu satisfaction sur aucune des
conditions qu'ils ont mises pour leur retour à la table des négociations et que
les Israéliens n'ont pas varié d'un iota leur position sur le sujet. Pour
obtenir la reprise des pourparlers directs, Barak Obama et son émissaire pour
le Proche-Orient, George Mitchell, ont exercé de fortes pressions sur le
président Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne pour les faire renoncer à
tout préalable de leur part lui faisant obstacle. C'est pratiquement chose
faite, que Mahmoud Abbas a rendue officielle en donnant son accord à des
négociations directes avec le gouvernement Benyamin Netanyahu.
Pour donner un semblant de consensus palestino-arabe à sa décision, le chef de l'Autorité palestinienne a requis le feu vert de la Ligue arabe, qui le lui a accordé jeudi passé. Eux-mêmes sous pression américaine sur le sujet, les Etats arabes ont renoncé au semblant d'opposition qu'ils ont affiché quant à une reprise des négociations directes palestino- israéliennes sans l'acceptation par Tel-Aviv du plan de paix arabe global. Pour se couvrir du côté de leurs opinions nationales, ils ont assorti leur feu vert à la volonté de Mahmoud Abbas et de l'Autorité palestinienne d'aller malgré tout à ces négociations directes. La position ainsi adoptée par la Ligue arabe est d'une hypocrisie consommée. Elle permet en effet aux Etats membres qui l'ont approuvée de ne pas s'attirer les foudres américaines, de ne pas en même temps donner l'impression d'avoir changé de position sous pression de Washington, et d'avoir la latitude d'imputer aux Palestiniens le probable échec des négociations directes en les chargeant de la responsabilité d'avoir voulu celles-ci. En faisant mine de respecter la volonté des Palestiniens, la Ligue arabe agit avec cynisme. En fait de respect, elle pousse tout simplement ces Palestiniens à la capitulation aux pressions américano-israéliennes. Les Etats arabes savent que Mahmoud Abas et l'Autorité palestinienne vont aller aux négociations directes en position d'extrême faiblesse parce que leur démarche ne fait pas unanimité au sein du peuple palestinien et parce que eux-mêmes ont renoncé à peser sur ces négociations. En obtenant des Arabes et des Palestiniens leur accord pour la reprise des pourparlers directs sans aucune contrepartie d'Israël, l'allié stratégique des Etats-Unis, Barack Obama a fait coup double. Primo, il peut se prévaloir d'un important succès diplomatique que les démocrates vont valoriser dans leur campagne des élections législatives américaines qui pointent. Secundo, il préserve l'entente israélo-américaine qui a semblé battre de l'aile depuis son entrée à la Maison-Blanche, et se concilie ainsi les puissants lobbys juifs prosionistes de son pays. Israël enfin gagne sur tous les tableaux. Il a tout obtenu sans rien céder ni promettre. De quoi imposer ce qu'il veut à la table des négociations. Les Arabes (les dirigeants) quant à eux sont fidèles à leur habitude : faire semblant d'être des acteurs agissants, alors qu'ils ne sont que des subissants sans courage ni honneur. |
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