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A peine quelques heures après que Salam Fayyad, le
Premier ministre palestinien, si apprécié des Occidentaux pour sa présumée
modération, eut déclaré que les négociations indirectes avec Israël ne
progressent pas et ne justifient pas le démarrage de pourparlers directs, qu'un
conseiller de Barack Obama, Daniel Shapiro en l'occurrence, a décidé de lui infliger
un démenti public.
Selon le conseiller du président américain, les discussions «ont fait des progrès et les failles ont été rétrécies». L'écart entre les propos de Fayyad et ceux des Américains, qui s'apprêtent à réserver un grand accueil à Netanyahu, est si grand qu'il ne peut qu'ajouter à la perplexité des Palestiniens. Bien entendu, les affirmations américaines sont destinées à montrer aux Palestiniens, ainsi que l'exige Israël, que l'heure des «négociations directes» est venue. En Palestine, et au-delà des éternels «négociateurs», personne ne saisit d'ailleurs l'importance de la nuance entre négocier «indirectement» et «directement». Tout au plus a-t-on vu dans ces «discussions indirectes», bénies par la Ligue arabe, la très pâle forme de «résistance» que l'équipe de Ramallah a trouvée comme réponse à la politique terroriste d'Israël. A l'évidence, Washington ne va pas tarder à siffler la fin de partie de «résistance» à Mahmoud Abbas et à le sommer de rencontrer «directement» les Israéliens. Les Américains doivent en effet apporter une «preuve» qu'il existe un processus de paix au Proche-Orient au moment où ils préparent, petit à petit, une autre guerre dans la région. L'annonce sur le ton de la dramatisation que l'Iran a installé un radar en Syrie participe de cette logique guerrière. Comme si la Syrie n'avait pas le droit d'installer un radar sur son territoire ! Les Etats arabes dits modérés, en plein embarras devant l'engagement turc pour la cause palestinienne, quémandent de Washington d'apporter cette preuve de l'existence d'un processus de paix qui leur sauverait la face. A défaut, laissent-ils entendre, ils pourraient encourager la proclamation unilatérale d'un Etat palestinien si des progrès ne sont pas constatés avant septembre. Bien entendu, cela relève du registre des intentions. Et quand un dirigeant arabe annonce qu'il pourrait saisir le Conseil de sécurité pour faire cette proclamation, on n'a même pas envie de sourire. Sauf que dans la logique perverse qui règne actuellement, ces vagues demandes arabes sont traduites comme il se doit par Washington. Du moment qu'il est exclu d'exercer une quelconque pression sur Israël - le vice-président Joe Biden a justifié l'acte de guerre commis par Israël contre la flottille de la paix -, on décide de satisfaire les Arabes en pressant l'équipe de Ramallah. Après les déclarations de Shapiro gommant les propos du brave Fayyad, Saeb Arekat, «le chef des négociateurs», est venu annoncer que l'Autorité palestinienne a demandé officiellement des éclaircissements auprès de l'administration américaine? En a-t-il vraiment besoin de ces éclaircissements ? C'est tellement alambiqué qu'on se demande si l'équipe de Ramallah ne participe pas, encore une fois, à une mystification. |
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