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Au Caire, Barack Obama a fait un discours à l'adresse des
musulmans du monde entier qui restera dans l'histoire. Pour la raison que ce
discours sera considéré à l'avenir ou comme l'acte fondateur de la
réconciliation de l'Amérique avec cette partie de l'humanité avec laquelle elle
a eu jusque-là des rapports empreints de préjugés sectaires et souvent
violemment conflictuels, ou l'enrobé du cynisme mis au service de la même
vision de ces rapports, et ne cherchant qu'à atténuer la haine et les
ressentiments qu'elle suscite dans le monde musulman.
Dans l'immédiat, l'extraordinaire communiquant qu'est Barack Obama est parvenu à capter l'intérêt et la sympathie des musulmans auxquels il s'est adressé dans «un style» et des mots qu'ils n'ont pas eu pour habitude d'entendre des précédents présidents de la plus grande puissance mondiale. Ils ont été sensibles à l'empathie apparente qu'il a exprimée à l'égard de leur religion, de leurs problèmes et de leurs aspirations. Mais si les musulmans et les Arabes en premier lieu ont accueilli positivement la «déclaration du Caire», ils restent fondamentalement méfiants à l'égard de l'opération «séduction» du président américain, attendant de voir comment il allait traduire concrètement sa promesse d'une autre approche de l'Amérique dans ses rapports à leur monde. Autrement dit, s'ils ont pris acte des bonnes intentions que le président américain a déclaré nourrir envers le monde musulman, ils en attendent d'abord et avant tout des manifestations autres que la seule répétition verbale. Si son discours du Caire a exprimé sincèrement sa vision et sa pensée sur le futur des relations qu'il veut nouer pour son pays avec le monde musulman, alors Obama devrait rapidement le faire suivre de gestes forts en direction de ce dernier. C'est la seule façon de commencer à détruire le mur de méfiance que des décennies d'humiliations infligées par l'Amérique aux musulmans a érigé dans la conscience de ceux-ci contre tout ce qui vient d'elle. Rapidement, parce que le président américain a le temps qui travaille contre lui. Son actuelle extraordinaire popularité dans son pays et planétaire risque en effet de s'éroder. Ce qui ne lui permettra plus de bousculer les a priori et les équations qui structurent la politique de l'Amérique à l'égard du monde musulman. Même si pour l'heure, son discours du Caire n'a pas encore soulevé d'oppositions radicales dans son pays, et hormis celle prévisible de l'Etat sioniste, Barack Obama va devoir pourtant compter avec elles, s'il tergiverse à mettre en pratique les résolutions auxquelles il a déclaré s'en tenir. C'est dans les semaines et les mois prochains qu'on pourra juger dans quel sens le discours du Caire d'Obama est historique et qu'on saura, comme l'a dit un observateur, «s'il n'est qu'un illusionniste ou un homme qui peut changer l'histoire». Pour l'instant, contentons-nous de répondre «Oua alikoum salam» au «Salam alikoum» par lequel le président américain a débuté son adresse aux musulmans du monde. |
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