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A priori, il n'y a aucun lien ni fil conducteur qui relie le
sommet du G20 qui vient de se tenir à Londres, et celui de l'OTAN, dont les
travaux se sont ouverts hier soir dans la ville de Baden-Baden, en Allemagne.
Le premier a regroupé les chefs d'Etat des 20 principales puissances économiques et financières de la planète, avec pour thématique la crise économique mondiale et les solutions à prendre pour tenter de l'enrayer. Le second a réuni ceux dont les pays sont membres de l'Organisation du traité de défense de l'Atlantique Nord. Ce second sommet a célébré le 60e anniversaire de la création de l'OTAN, avec pour axe de ses débats la consolidation des capacités de cette organisation qui, d'instrument de défense du camp occidental durant la Guerre froide, est devenu, depuis la fin de celle-ci, le bras séculier de l'Occident à vocation interventionniste dans tous les conflits ou crises survenant à travers la planète et risquant de mettre en péril les intérêts géostratégiques de ce monde occidental. Les deux sommets ont pourtant cela de commun qu'ils consacrent la volonté d'une minorité d'Etats à s'ériger en pouvoir dirigeant au-dessus du reste du monde, au principe qu'ils sont soit les plus grandes puissances économiques, soit militaires. Ce qui est la négation même de l'ordre mondial international tel qu'il a été instauré au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, avec l'ONU comme lieu et coeur de la gouvernance mondiale. La création du G8, devenu récemment G20, et la transformation de l'OTAN depuis les années 90 en une organisation d'interventions militaires à vocation planétaire, remettent effectivement totalement en cause le rôle dévolu à l'ONU par ses fondateurs, puisque les décisions tant économiques que militaires qui ont un impact planétaire se décident désormais ailleurs qu'en son enceinte. Il en découle que 90% des pays constituant la communauté internationale sont exclus de la concertation et de la prise de décision concernant les affaires du monde. Que le G20 et l'OTAN s'attachent dans l'urgence, à solutionner pour le premier la grave crise économique et financière qui souffle sur la planète, et le second à éteindre les foyers d'où se propagent les germes d'une déstabilisation internationale, est la démonstration que l'ordre mondial tel que voulu par la charte des Nations unies est maintenant caduc. Ce qui pose la nécessité de sa refondation. Même si le G20 s'exprime au nom des 20 principales puissances économiques et financières de la planète, a-t-il pour autant la légalité internationale, telle que représentée par l'ONU, pour trancher des affaires économiques mondiales sans concertation avec le reste du monde ? L'OTAN a-t-elle celle de faire la guerre là où elle le veut quand elle le veut sans en référer à l'ONU et sans le feu vert de celle-ci ? Il y a que la gouvernance du monde a pratiquement échappé à l'ONU, pour être confisquée par des blocs ou des alliances qui agissent pour instaurer leur prédominance sur la planète. Quoi de plus normal alors que d'autres alliances et d'autres regroupements se constituent pour tenter de contrer leur visées hégémoniques ! Avec tous les risques que la stabilité et la paix mondiales en soient sérieusement ébranlées. |
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